Du 24 octobre au 4 novembre, la Galerie du CROUS de Paris expose le travail de Théophile Stern dans une exposition intitulée Limites poreuses, un dialogue entre art, artisanat et architecture.
L’art, l’artisanat et l’architecture, trois domaines distincts et pourtant – parfois malgré eux – apparentés. Ces sphères, avec leurs caractéristiques propres, se rencontrent, s’imbriquent, voire s’entrechoquent dans le vaste univers de la création. Mais une œuvre est-elle nécessairement de l’art ? Où se situe la frontière ? Cette limite plus ou moins perceptible est au cœur du questionnement de Théophile Stern. Avec l’exposition Limites poreuses, et par le biais de la confrontation des œuvres, l’artiste tente davantage une exploration qu’une formalisation de réponse.
« Exploration » n’est pas un vain mot : c’est à la suite d’un séjour de travail à Tokyo que Théophile Stern entreprend de sonder la distinction entre art et artisanat. Car si cette dernière n’a pas toujours existé, elle semble aujourd’hui bien ancrée dans nos sociétés occidentales – notamment en France – où l’artisan et l’artiste s’opposent par divers aspects, aussi bien techniques qu’institutionnels. Au Japon au contraire, le sens des ces mots se confond, l’artisanat étant hissé au noble rang d’art. De ce constat, Théophile Stern en a fait le cœur de son exposition, où son travail offre à voir les limites – poreuses – entre des domaines au potentiel d’enrichissement mutuel inouï. L’Arbre brodé, réalisé en 2017, en est un bel exemple : deux grands pans de bois issus de poteau électrique, entre lesquels s’entrecroisent d’épais fils de cuivre. Ce qui, de prime abord, constitue rien moins que l’association de deux matériaux bruts, se révèle sous les yeux du visiteur tel un corsage lacé en son dos. Au fil de l’œuvre de Théophile Stern, l’utile et le Beau se mêlent ainsi pour ne former qu’un ; chaque création revêt, grâce à la délicatesse du geste, un rapport inéluctablement esthétique et artistique à la matière, aux formes et aux couleurs. Ou quand l’art contemporain questionne notre rapport à l’art, brouillant voire transgressant les repères communément admis.
Vernissage le jeudi 26 octobre de 18 à 21h.
Texte : Léa Houtteville
Crédit visuel : Théophile Stern, Arbre brodé (détail), 2017 ; bois de poteau électrique, cuivre