Un musée – maison et une maison – musée

Un musée – maison et une maison – musée

Le nom pourrait en rebuter certains, mais ce serait passer à côté d’un musée habité, d‘une demeure de collectionneurs, d’une habitation d’un chasseur collectionneur, d’un endroit singulier au cœur du Marais dans les hôtels de Guénégaud et de Montgelas réunis, d’un lieu approfondissant les rapports de l’Homme et de l’animal au cours de l’histoire. Ce serait passer à côté d’un lieu riche en œuvres et objets d’art, en créations contemporaines, bref d’un endroit juste, plein de surprises et qui a su conserver au fil de son histoire un caractère intimiste qui lui est propre.

/// Stéphane Gautier

 

Après deux ans de travaux, Le musée de la chasse et de la nature rouvre ses portes, avec de nouvelles acquisitions importantes tel ce Portrait de chasseur assis en compagnie de ses chiens » par Jean Daret et Nicasius Bernaerts à qui l’on doit une grande partie du décor peint de la ménagerie de Versailles et de prestigieuses réalisations pour la manufacture des Gobelins. Issu des collections du musée, mais jamais encore accroché on pourra découvrir ce Portrait de dame en costume de chasse par un anonyme, peint au XVIIIème siècle, et rappelant que de tout temps, la chasse et son apparat concernent également les femmes. La déambulation dans la suite des salons au premier étage est toujours possible avec la découverte de la salle du sanglier, du cabinet de la licorne ou du salon des chiens selon un parcours chronologique mais dans des conditions de visite améliorées, avec de jolies découvertes comme cette grande peinture à la cire commandée par la Fondation François Sommer à l’artiste contemporain Philippe Cognée Forêt vue du train 2020-21 accrochée dans l’antichambre du premier étage. Car c’est là l’un des talents de la Fondation François Sommer, soutenir la création contemporaine et savoir l’associée étroitement aux collections patrimoniales du musée, toujours dans un rapport intelligent et sensible.

 

Dans les nouvelles salles aménagées sous les combles des hôtels de Guénégaud et de Mongelas, est proposée une extension du parcours de visite offrant une ouverture sur les avancées théoriques et scientifiques qui modifient aujourd’hui notre point de vue et notre approche des autres espèces vivantes dans une perspective plus philosophique, mais toujours de manière ludique.

 

Accompagnée de nouvelles commandes étroitement associées aux collections patrimoniales du musée, on pourra ainsi découvrir 3 grands panoramiques de l’artiste François Malingrëy pour le cycle décoratif du Diorama anthropocène, un dispositif clé de nombreux museums d’histoire naturelle au XIXème siècle, une spectaculaire Bibliothèque pour Claude Levi-Strauss réalisée en plumes de coq par l’artiste Markus Hansen, ou encore une étonnante cheminée organique du céramiste Hervé Rouseau.

 

Bibliothèque pour Claude Levi-Strauss, Markus Hansen, musée de la Chasse et de la Nature, Paris.

La réouverture du musée de la Chasse et de la Nature s’accompagne aussi d’un programme d’expositions temporaires, privilégiant le regard d’artistes contemporains sur les thématiques chères au musée.  C’est l’artiste Damien Deroubaix qui ouvrira la première exposition intitulée « La Valise D’Orphée » aux mêmes dates que l’ouverture du musée.

 

Jean Daret et Nicasius et Bernaerdts, Portrait du baron du Pilles en chasseur, 1661, Huile sur toile, 132,5 x 181,2 cm © musée de la Chasse et de la nature, Paris / Béatrice Hatala

Au milieu d’une grotte primitive réalisée par l’artiste ornée d’une série de tableaux, gravures sur bois et sculptures, sont alignées 300 figurines zoomorphiques souvent vielles de plusieurs milliers d’années recueillies autour du bassin méditerranéen. L’artiste s’est emparé de l’ensemble du nouvel espace d’exposition, jusqu’au plafond pour protéger ces fragiles trésors aux significations nimbées de mystères.

 

Là encore, le musée de la Chasse et de la Nature, fait la brillante démonstration de la mise en relation entre une riche collection d’art ancien et la scène française contemporaine.

 

Vue du « Cabinet de Darwin », musée de la Chasse et de la nature, Paris ©David Bordes
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Musée de la Chasse et de la Nature