Afin de célébrer le centième anniversaire de la naissance de l’artiste André Cottavoz (1922-2012), la galerie Estades s’est chargée d’une mission très importante : celle de récupérer les peintures dispersées de l’artiste auprès des amateurs d’art et de les rassembler pour un hommage à la hauteur du créateur.
/// Lolita Fragneau
Michel Estades est depuis longtemps un grand collectionneur de l’artiste Isérois, et c’est avec joie qu’il partage son affection au sein d’une exposition intitulé pertinemment « Cottavoz. Peintures, lithographie, gravures, céramiques ». Le sous-titre renvoie parfaitement à la pluridisciplinarité dont était capable l’artiste, n’hésitant pas à dépasser le medium utilisé, exerçant ainsi son art sous toutes les formes et par toutes les manières possibles. Comment ne pas être impressionné devant cet homme, lorsque la peinture se muait et se transformait entre ses mains, au point de se modeler presque littéralement sur la toile ? Comment ne pas être épaté par tant d’acharnement sur la matière jusqu’à son asservissement total ? A la manière de Monticelli, sa technique mixte se constitue notamment de superposition, de malaxage, ou de pétrissage de la peinture, aussi bien avec son pinceau, couteau, truelle ou à la main. Aucun outil n’échappe à Cottavoz pour l’élaboration d’une peinture qui traverse la deuxième dimension pour s’épanouir au-dessus de la surface de la toile.
Parmi les œuvres exposées dans la galerie depuis le 17 septembre, des paysages apparaissent où les décors s’y fondent, s’y noient, au point que les figures en deviennent proprement abstraites, le réel se floute et s’épaissie. C’est presque comme si l’artiste déposait sur la toile un bout de ses souvenirs, lorsqu’il longeait le pont Alexandre III et regardait cette fameuse tour. Que reste-t-il de cet instant fugace ? Rien de moins que son souvenir sincère, à la fois immortalisé à jamais dans un tableau, et simultanément perdu dans son inexactitude. Pourtant, on ne doute pas un instant de la précision qui engendre le geste de l’artiste lorsque l’on regarde son Grand bouquet, où chaque pétale prend forme d’une manière incomparable. L’artiste a dit lui-même : « Il faut s’efforcer de représenter les fleurs en respectant ce qu’elles sont, en essayant presque d’en rendre le parfum », et c’est avec ravissement que le bouquet prend vie devant nos yeux, rafraichissant quasiment l’air.
Le grand Bouquet – Cottavoz – 100 x 65 cm – Huile sur toile
Cottavoz, c’est aussi l’affirmation d’être inclassable, l’expression de l’hétéroclisme, la revendication d’aucune réduction à un simple mouvement artistique – caractéristique du groupe des sanzistes, qui réfutent l’appartenance à tout courant artistique. L’Isérois a toujours refusé d’être restreint, enclavé par les diktats du genre, il cherchait davantage à sortir du lot par la recherche constante d’une lumière jaillissante. Cette pâte épaisse qui lui ait propre, les tons pastel qu’il fait contraster avec des couleurs plus chaudes, et cette touche bien particulière du pinceau sont autant de marques de la pertinence de son travail dans l’histoire de l’art. De quoi amplement mériter cette célébration de l’anniversaire de sa naissance, visible jusqu’au 12 novembre 2022.
Galerie Estades Lyon
- Adresse : 61, quai Saint-Vincent
- Code postal : 69001
- Ville : Lyon
- Pays : France
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