Tarik Bougherira : L’empire en partage

Tarik Bougherira : L’empire en partage

/// Stephane Gauthier

 

Être au bon endroit au bon moment avec la bonne personne, tel pourrait être le credo de Tarik Bougherira créateur et directeur de la Galerie Imperial Art qui nous recevait il y peu, au rez-de-chaussée d’un hôtel particulier du 17eme arrondissement, dans la plaine Monceau abritant sa galerie couvrant les périodes des XVIIIe et XIXe siècles, avec une prédilection pour la période faste de l’ère napoléonienne.

 

Être au bon endroit au bon moment avec la bonne personne c’est ce qui a conduit Tarik Bougherira qui se destinait à une carrière de sportif de haut niveau après deux années passées à l’Insep (en prévision des Jeux Olympiques de Londres en 2012), à devenir marchand d’art dans le domaine du Premier Empire. Car selon Tarik, dans la vie tout est une question de rencontres.

 

Et c’est celle qu’il va faire avec Pierre-Jean Chalençon qui va définitivement orienter l’avenir de Tarik.

 

« J’ai toujours été curieux et en classe l’histoire me passionnait, mais avant de rencontrer Pierre-Jean, je ne savais pas ce qu’était un tableau. ». « Tu vas apprendre sur le tas » me répondit Pierre -Jean. 

 

C’est donc à l’ « école du regard », animé d’une grande curiosité, et accompagné de Pierre Jean-Chalençon, que Tarik Bougherira va faire ses premières armes du côté de l’Empire.

Coupe de la manufacture de Sèvre, dite Gérard, créée pour le baptême du Roi de Rome, offerte par Napoléon à l’impératrice Marie-Louise ; acquisition du Musée Napoléon de Fontainebleau

 

Le marché des souvenirs impériaux et des œuvres d’art de provenance impériales est déjà très actif. Les collectionneurs, chinois, russes, américains et européens sont demandeurs, et la figure de Napoléon (seul personnage historique français étudié dans les programmes scolaires chinois) bénéficie d’une aura quasi internationale.

 

Pour Tarik, c’est alors un déclic, il s’intéresse à tout, porcelaines, tableaux, joaillerie, sculptures, arts graphiques, rencontre beaucoup de conservateurs, interroge les spécialistes, exerce son regard, accumule les connaissances et affine son expertise.

 

« Être au quotidien avec ces objets-là, a fait ce que je suis devenu, non pas un spécialiste de l’histoire napoléonienne, mais un spécialiste du marché de l’Empire, savoir quelle est sa bonne place est une chose importante ».

 

10 ans vont donc s’écouler auprès de Pierre-Jean Chalençon, une décennie durant laquelle Tarik Bougherira va développer une vraie sensibilité pour les créations artistiques du Premier Empire et pour le personnage de Napoléon, tout particulièrement le Napoléon de Sainte Hélène, celui qui écrit sa légende.

 

« L’ « ADN » Napoléon, c’est ce qui va me décider après ces années d’apprentissage à ouvrir ma galerie à Paris et à Pékin . Conscient de l’héritage historique que représente la personne de Napoléon, je me suis dit que je devais mettre en avant l’héritage esthétique de cette très courte et pourtant étonnamment dense période, et que cela devait passer par le partage. »

Photographie de l’équipe  (de gauche à droite : Bochra Bouslama, Jérôme Cortade, Yassine Ben Chaou, Massinissa Boudiar, Emmanuelle Lebail, Tarik Bougherira)

C’est avec sa galerie parisienne ouverte en 2016 que Tarik Bougherira va partager sa passion pour les productions artistiques du Premier Empire, avec l’ambition de proposer au-delà d’une simple galerie, un centre d’art ouvert à tous. Aussi bien aux étudiants en histoire de l’art qu’aux chercheurs, aux conservateurs, aux amateurs qu’aux collectionneurs.

« Par la publication d’ouvrages sur l’Empire et ses productions artistiques, par l’organisation d’expositions, de conférences, de concerts ouverts à tous, je souhaite faire de ma galerie un véritable lieu de rencontres, d’échanges et de partage. J’aime donner à voir ».

 

Pour donner à voir, accueillir, sélectionner des objets d’art pour leur rareté, leur authenticité et leur caractère exceptionnel, Tarik Bougherira a su s’entourer d’une brillante équipe exerçant son œil en duo avec Quentin Bonnefoy, expert en peinture française. Jérôme Cortade dans le monde de l’art depuis 20 ans et expert en manuscrits et autographes, forme avec Bochra Bouslama jeune historienne de l’art le pôle recherches de la galerie. Emmanuelle Le Bail ancienne directrice du Musée des Avelines à Saint-Cloud est depuis peu devenue directrice culturelle et scientifique de la galerie. L’édition de catalogues et de publications dont la gestion est assurée par Massinissa Boudiar est une des priorités de la galerie afin de laisser une trace des recherches accomplies. « Une galerie d’art pour moi c’est une équipe dans laquelle chacun a son domaine d’expertise. A moi seul je ne pourrai pas être à tous les postes, et je n’en ai pas nécessairement les compétences ».

 

C’est donc avec ses équipes de chercheurs, d’historiens de l’art que Tarik Bougherira partage ses découvertes, ses enthousiasmes, ses interrogations et son expertise, s’attachant ainsi à retracer le plus précisément possible l’histoire et l’importance de chaque pièce proposée et offrant de belle redécouvertes, telle la bague que Napoléon offrira à son Mamelouk, ou la tasse du Roi de Rome acquise auprès d’un collectionneur privé et mise en dépôt au musée de la Légion d’Honneur.

 

Car pour Tarik Bougherira la destination finale des œuvres qu’il propose en galerie tient une grande importance. « Le rôle d’un marchand est aussi celui d’être un passeur, et je veux trouver pour les pièces dont je me sépare le meilleur endroit et le bon acheteur ». Ainsi Tarik Bougherira préfère-t-il d’abord présenter ses « trouvailles » souvent acquises à l’étranger, aux musées français. « J’aime que les choses deviennent inaliénables et qu’elles restent en France, j’aime d’abord présenter mes tableaux aux musées français ».

 

Le musée d’Orsay, le musée Napoléon 1er du château de Fontainebleau, le musée de l’Armée, le musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, ou encore les musées de Vendée ont ainsi pu enrichir leurs collections grâce à cet attachement à l’histoire française, au territoire, au public, dont Tarik Bougherira et la Galerie Impérial Art font preuve. C’est l’Empire en partage.

Bague de Napoléon en exil à Ste-Hélène, offerte à son valet de chambre et bibliothécaire le Mamelouk Ali
 

Galerie Imperial Art

  • Adresse : 3 Pl. du Général Catroux
  • Code postal : 75017
  • Ville : paris
  • Pays : France