Le Centre Pompidou célèbre le centenaire du surréalisme avec une exposition exceptionnelle, ouverte du 4 septembre au 13 janvier. Intitulée « Surréalisme », cette rétrospective retrace l’histoire du mouvement, de sa fondation en 1924 avec le Manifeste d’André Breton, jusqu’à sa dissolution officielle en 1969. Conçue comme un labyrinthe immersif, elle offre aux visiteurs un parcours captivant à travers les créations artistiques et poétiques emblématiques de cette période marquante.
/// Romane Lamisse
Le surréalisme, tel que défini par André Breton, est un « Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. » (André Breton, Œuvres complètes, t. I, Éditions Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1988, p. 328). Dès lors, le groupe d’artiste ambitionnait de révéler le fonctionnement réel de l’esprit à travers la création, faisant de l’art un canal d’exploration de l’inconscient.
L’exposition retrace cette période à travers un parcours chronologique et thématique. Rythmée par 14 chapitres, elle explore les grandes figures littéraires ayant influencé le mouvement, comme Lautréamont, Lewis Carroll et Sade, ainsi que des thèmes récurrents dans l’imaginaire poétique surréaliste tels que le rêve, l’artiste-médium, la pierre philosophale et la forêt. Cette exposition associe peintures, dessins, films, photographies et documents littéraires, offrant un panorama complet des œuvres emblématiques du surréalisme.
L’un des moments forts de l’exposition se trouve dans la salle centrale, dédiée au Manifeste du surréalisme d’André Breton. Grâce à l’intelligence artificielle, la voix de Breton a été reconstituée pour accompagner cette présentation audiovisuelle, et le manuscrit original, classé Trésor National, est exceptionnellement prêté par la Bibliothèque nationale de France pour cette occasion inédite.
En plus d’être une contestation d’un modèle de civilisation fondé uniquement sur la rationalité, l’exposition met en exergue comment le mouvement, dès sa fondation, a voulu agir dans le champ politique. Les artistes ont utilisé les effets de l’absurde, du monstrueux et du dérangeant pour dénoncer le colonialisme et la montée des fascismes.
Organisée vingt-deux ans après la dernière grande rétrospective sur le sujet, « La Révolution surréaliste » (2002), cette nouvelle exposition s’enrichit des recherches récentes menées dans les musées et par les universitaires. Elle met l’accent sur deux aspects souvent négligés dans l’histoire du mouvement : d’une part, la place essentielle des femmes artistes, telles que Leonora Carrington, Dora Maar et Dorothea Tanning, qui ont joué un rôle déterminant dans son développement ; et d’autre part, l’expansion mondiale du surréalisme, avec des artistes venus du Japon, du Danemark ou du Mexique, comme Tatsuo Ikeda, Wilhelm Freddie et Rufino Tamayo.
Bien que le mouvement ait officiellement pris fin en 1969, son influence perdure, notamment dans les biennales d’art contemporain, le cinéma, la mode et la bande dessinée. Cette exposition rappelle combien les préoccupations et l’esthétique surréalistes demeurent des sources d’inspiration pour la création artistique contemporaine.
Centre Georges Pompidou
- Adresse : Place Georges Pompidou
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