Voyageur, ethnographe et artiste: l’univers de Geo Fourrier

Voyageur, ethnographe et artiste: l’univers de Geo Fourrier

 

La bibliothèque Forney nous offre l’occasion de découvrir un artiste qui s’est illustré de façon unique dans les arts décoratifs de par son style graphique et la pluralité des techniques qu’il emploie. Entre gravure sur bois, céramique, peinture, pochoir ou encore dessin, nous sommes invités à entrer dans l’univers coloré de Nicolas Georges Fourrier.

/// Adèle Rivet

 

C’est en 1913, vers l’âge de 15 ans, que Geo Fourrier découvre l’art japonais, alors qu’il se retrouve immobilisé par une pleurésie. À travers ses lectures, il est séduit par cette culture lointaine et commence alors à dessiner des œuvres exposées au musée Guimet avant de poursuivre sa formation à l’école des arts décoratifs. Il s’amuse à illustrer lui-même des livres, et crée des couvertures où l’on retrouve des motifs de masques de théâtre No ou de kimonos. Sa production confirme l’attrait pour le japonisme qui le suivra tout au long de sa carrière.

 

Fort Archambault – 1943 – Collection particulière

 

Bien qu’il soit né à Lyon et ait grandi à Paris, la Bretagne devient sa région d’adoption dès sa découverte de Pont-Aven et du pays bigouden en 1919. Les paysages bretons et leurs habitants deviennent alors un des sujets récurrents de son œuvre. À l’inverse de Gauguin qui est passé par la Bretagne avant de vivre dans des pays plus exotiques, les voyages de Geo Fourrier le ramènent toujours dans cette région, où il s’installe dès 1928.

 

Kérity Saint-Pierre N. D. de la Joie – 1927 – Collection particulière

 

Il voyage en Afrique et se passionne pour les paysages et portraits des habitants. Entre 1927 et 1931, il parcourt entre autres Maroc, Tchad et Congo dont il ramène des dessins, croquis et études colorés par centaines qu’il transforme ensuite en gravures, cartes, céramiques, pastels et illustrations. Lors de son voyage au Tchad, la photo devient pour lui un support privilégié. Il se découvre un intérêt pour le travail des hommes et souhaite immortaliser des scènes de labeur. Il réalise à partir de ses clichés des gouaches et des bois gravés très graphiques aux couleurs éclatantes dans lesquels il dépeint ses sujets avec un regard tendre et descriptif dans leurs activités quotidiennes.

 

Marchand, homme en blanc et bleu -1930 – Collection particulière

 

Sa carrière est ensuite marquée par la production de cartes postales pour les Établissements artistiques parisiens. Cette collaboration éveille son intérêt ethnographique, et le mène dans toute la France, où il photographie des figures en costume régional avant de les reproduire au pochoir. Il est repéré grâce à ces séries lorsqu’il expose au pavillon breton de l’Exposition Universelle de 1937 à Paris, ce qui lui permet de commercialiser ses cartes jusqu’aux Etats-Unis

 

Petit pochoir Bigouden et enfant – Vers 1950 – Collection particulière

 

Après la guerre, il travaille plus localement et dessine des pièces de céramique ou bijoux pour des entreprises, et réalise des publicités. Il vend ensuite des souvenirs qu’il confectionne avec sa femme (pochoirs, cartes de noël) jusqu’à la fin de sa vie en 1966.

Au travers d’œuvres de la collection de la bibliothèque municipale Forney, du musée de la faïence de Quimper et du musée de Bretagne à Rennes, nous sommes invités à découvrir son univers et son travail si particulier. Ces techniques variées, ses couleurs vives et tranchées et son œil d’ethnographe font de Geo Fourrier un artiste singulier.

 

La brûleuse du goémon – 1940 – Collection particulière

 

Visuel principal : Goémonier de l’île de Sieck coiffé du Calaboussen – carte postale – 1935 

 

Bibliothèque Forney