Willy Eisenschitz : un peintre entre-deux-guerres

Willy Eisenschitz : un peintre entre-deux-guerres

Le musée du pays de Cocagne, labellisé Musée de France en 2022, sis dans l’ancien monastère des soeurs du Christ, au cœur de la ville de Lavaur, nous propose jusqu’au 18 septembre 2022 de découvrir la vie et l’œuvre de l’artiste Willy Eisenschitz, un peintre qui a choisi de vivre et de travailler en France.

 

/// Stéphane Gautier

 

Né à Vienne en 1889, dans un milieu bourgeois éclairé, et formé à l’Académie des Beaux-Arts de la capitale autrichienne, l’œuvre de Willy Eisenschitz est d’abord nourri par l’Europe centrale. Mais au début du siècle pour un jeune artiste, la capitale des avant-gardes c’est Paris, son salon des indépendants, son premier Salon cubiste, et des figures majeures telles celle de Cézanne.

 

Aussi en 1912 délaissant l’école des Beaux-Arts de Vienne, Willy s’installe à Paris chez un oncle amateur d’art, Otto Eisenchitz, beau-frère d’Henri Bergson, s’Inscrit à l’académie de la Grande Chaumière, et y rencontre une jeune artiste Claire Bertrand qui deviendra son épouse en 1914.

 

Les premières années parisiennes du jeune artiste sont assez éloignées des courants picturaux révolutionnaires parisiens. Du cubisme, dont on peut dater l’acte de naissance en 1907 avec Les Demoiselles d’Avignon par Pablo Picasso il ne retient qu’une permanence des formes géométriques dans la nature, et utilise avec subtilité une gamme de coloris très restreinte.

 

Arrive la première guerre mondiale, Eisenschitz est arrêté comme ressortissant d’un pays ennemi et passe une grande partie de ma guerre dans un camp d’internés civils à Angers. Sa femme l’y rejoint et y donne naissance à leurs deux enfants. Au lendemain de la guerre le couple rentre à Paris et découvre la Provence. C’est alors une évidence. La lumière du midi bouleverse sa vision et lui fait adopter une manière de peindre très personnelle. A la manière de Cézanne qu’il admire depuis ses débuts, sa peinture se situe alors entre l’objectivité du Cubisme et l’éphémère de l’Impressionnisme.

 

Willy Eisenschitz, Nus, 1927, Huile sur carton sbg, Dimensions : 43,3 x 54 cm, © Droits Réservés

 

C’est cette période de la peinture de l’entre-deux guerres d’Eisenschitz que nous propose de découvrir le musée du Pays de Cocagne. Une œuvre toute en mesure et en harmonie, très éloignée de l’Expressionnisme souvent violent des peintres originaires de l’Europe centrale. A partir de 1927 Willy Eisenschitz s’installe dans le domaine des Minimes à la Valette du Var. Il participe alors activement à la vie de la communauté artistique qui anime Toulon et Sanary entre les deux guerres. A cette époque il se révèle un aquarelliste de grand talent qu’admirent entre autres Aldous Huxley et Jean Giono dont il réalisera les illustrations de 3 ouvrages.

Naturalisé français en 1935, il trouve refuge dans la Drôme à Dieulefit durant l’occupation.

 

Artiste réfléchi, mesuré, mais aussi visionnaire et mystique, Willy Eisenschitz explore à sa manière le visible en l’interrogeant inlassablement. En dépit de la répétition. Des thèmes, cette dimension intime fait que chaque huile, aquarelle ou pastel est une émotion ressentie par l’artiste que le spectateur est invité à partager. Son œuvre est le reflet d’une profonde sensibilité.

 

Cette exposition placée sous le commissariat de Monsieur Ruffié, conservateur du Musée du pays de Cocagne a notamment été possible grâce aux prêts du Musée d’Amiens, de la ville de Fontainebleau, du Musée National d’art Moderne et du Musée Sahut à Volvic.

 

Visuel de couverture : Willy Eisenschitz, Paysage de bord de mer, Aquarelle, Dimensions : 36 x 50 cm, © Droits Réservés

 

Visuel de couverture :  Willy Eisenschitz, Grand paysage avec Le Coudon, 1941, Huile sur toile, Dimensions : 116 x 211 cm, © Droits Réservés

 

Musée du Pays de Cocagne