Xavier Spatafora : l’archéologue du temps combat les maux du monde moderne

Les vieilles croûtes de papier valent de l’or et les traces du passé qui jonchent nos murs nous révèlent des secrets insoupçonnés. Serez-vous de ceux qui savent les déceler ?
Xavier Spatafora a choisi de ne pas se débarrasser des déchets mais de les explorer, avec poésie et légèreté. L’artiste pique notre intérêt, recompose le réel en lui redonnant vie. Il construit des montagnes et insuffle la vie, peint des paysages, des nuages voluptueux ou des savanes peuplées. Libre et habile, il gratte, juxtapose ou oppose les couleurs, au gré de sa spontanéité, toujours patient, jamais perdant : toutes ses compositions réussissent à nous narrer une histoire. Celle de notre histoire collective mais aussi à venir.

L’art peut-il efficacement nous évoquer la lutte pour la préservation de notre environnement, indissociable de la préservation de notre société ? Avec puissance Xavier Spatafora témoigne de la richesse générée par le temps. Derrière ses collages effectués à partir d’affiches de rue diverses, on devine les mots, les échos bruyants des slogans politiques ou l’intensité des couleurs publicitaires. Les différentes polices et formes des papiers s’épousent, devenant les grandes traces d’une archéologie commune. Chaque détail, ainsi intégré dans ces grands ensembles, illustre de façon merveilleusement métaphorique la variété des individus et du monde. L’art devient un espace, un lieu à explorer, existant de façon indépendante mais constituant un miroir de nous même.

Plongés dans la banquise polaire ou compagnons d’un bestiaire composé d’animaux en voie de disparition, nous entrons dans l’univers de Xavier Spatafora avec la certitude tranquille d’avoir ouvert notre regard. D’avoir pris conscience de l’existence de joyaux cachés dont nous ne voyons habituellement que laideur encombrement.

L’artiste, originaire de Nouvelle-Calédonie, cette île au beau milieu du Pacifique, arrive en France à l’âge de 2 ans. Très tôt, il aura conscience d’appartenir à un ailleurs lointain et sera influencé dès son enfance par des rêves de voyage ainsi que par un rapport à la nature particulier. Il prend le temps de voir, de s’émerveiller. Une démarche philosophique qui a résolument du sens dans un monde où la frénésie semble être devenue mantra.