Isabelle Maeght, patronyme de l’art

Isabelle Maeght, patronyme de l’art

Trente ans d’une profonde amitié entre un artiste et une galerie, cela mérite d’être dit, d’autant plus quand il s’agit de la Galerie Maeght et de l’artiste italien Marco Del Re dont Isabelle Maeght nous présente la prochaine exposition intitulée Académies.

/// Propos recueillis par Harry Kampianne

Les Académies XVII, 2017, huile sur papier, 121 x 80,5 cm

1. Depuis combien de temps, travaillez-vous avec Marco Del Re ?

Depuis son arrivée en France en 1988, année de notre première collaboration (une lithographie originale pour l’exposition Artistes italiens à la Galerie Maeght).

2. A-t-il une véritable notoriété en France ?

A partir du moment où son travail est exposé très régulièrement dans les musées que ce soit en France ou à l’étranger et que des collectionneurs le suivent, oui je pense que son œuvre est reconnue.

3. Que présentez-vous pour sa prochaine exposition ?

Des pièces essentiellement sur toile et sur papier réalisées à Saint-Paul de Vence. La lumière du Midi l’a toujours inspiré. Elle lui permet, comme il le dit très régulièrement d’attraper la transparence de l’air.

4. Cette lumière du Midi en a inspiré plus d’un. Je pense à Derain, Bonnard, Matisse…

Exactement. Les artistes que vous venez de citer sont pour lui des phares. Il a fait une exposition sur la villa Les Rêves où il reprenait les intérieurs de la maison de Matisse (Galerie Maeght, 2011). Un critique parlait de sa peinture comme d’un voile transparent pour aller vers la lumière. Je trouve que c’est une très belle définition pour parler de son travail. C’est un artiste qui a besoin que tous ses sens soient en éveil.

5. Est-ce important pour vous de voir un artiste dans son atelier ?

Je n’irais jamais dans l’atelier d’un artiste si je n’y suis pas invité. C’est un lieu intime. Mais, il est vrai qu’une fois que l’on connaît l’atelier d’un artiste, on connaît l’homme.

Les académies XV, 2017, huile sur papier, 160 x 125 cm

6. Peut-on dire que l’œuvre de Marco Del Re fait souvent référence à l’histoire de l’art et à la littérature ?

Tous les arts l’intéressent. C’est quelqu’un de chronophage dans le sens de tout vouloir assimiler et surtout de nourrir son travail de tout ce que représente notre univers. C’est une personne très ouverte sur la vie.

7. Olivier Kaeppelin (directeur de la Fondation Maeght de 2011 à fin 2017) parle de la pratique du « rifare » (refaire) dans le travail de Marco Del Re. Qu’en pensez-vous ?

Le « rifare » en Italie est très important. Mais il faut le prendre dans le sens de s’inspirer et non de refaire. Chaque artiste est inspiré d’une période de l’histoire de l’art. Miró était inspiré des intérieurs hollandais du XVème siècle, Braque de la Grèce. Il y a très souvent des référents non-dits et intimes dans l’œuvre d’un artiste. Marco [Del Re] a peint un triptyque représentant l’univers de Matisse à Paris et à Nice, et entre les deux, il y a la fameuse nationale 7 qui le fascinait tant pour ce contraste avec la lumière crue et le côté ombragé des platanes.

8. Il faut donc voir le « rifare » comme une sorte de relais ?

Oui. Dans le sens d’une continuité de ce qui a été fait tout en apportant sa petite pierre à l’édifice. Il me dit souvent qu’un arbre ne peut pas vivre sans racine. Je trouve que c’est une formule tout à fait appropriée. Un artiste ne peut pas vivre sans référence s’il veut aller de l’avant.

9. Marco Del Re s’entoure-t-il toujours d’artisans lors de certains de ses projets ?

Très souvent. Il a été plusieurs fois en Turquie pour avoir les meilleures laines pour faire tisser des kilims (tapis persans) ou au Népal pour obtenir le meilleur papier. Il a également travaillé la céramique  avec des artisans en Italie. La manufacture des Gobelins lui a par ailleurs commandé un tapis, ce qui pour lui a été une formidable opportunité de suivre le travail des métiers à tisser. C’est aussi un besoin vital de connaître d’autres techniques. Par contre, il est extrêmement classique dans l’emploi de ses matériaux. Il peint uniquement à l’huile. C’est quelqu’un d’exigeant dans ses choix. Marco (Del Re), c’est la quête de l’art par un styliste.

10. En tant que galeriste, comment travaillez-vous avec vos artistes ?

Il faut avant tout écouter les besoins d’un artiste. Il m’arrive parfois d’acheter toute leur production une fois le travail terminé mais pas toujours. C’est au cas par cas. Certains préfèrent me laisser des œuvres en dépôt. La galerie les aide dans leur vie. Un de nos artistes a eu son atelier incendié, nous l’avons hébergé et lui avons donné un coup de main pour qu’il puisse faire les travaux. C’est à nous de nous débrouiller pour qu’ils puissent avoir la liberté de penser pour créer. Nous travaillons main dans la main avec eux.

11. Vous avez baigné depuis votre plus tendre enfance dans ce milieu…

Je peux même dire que Braque était pour moi un second grand-père ou Prévert une sorte d’oncle. Les petits-fils de Miró ou de Chillida, que j’ai très souvent au téléphone, étaient mes copains d’enfance. C’était une grande famille.

Grande académie I, 2018, huile sur toile, 200 x 160 x 2 cm

Galerie Maeght

  • Adresse : 42 rue du Bac
  • Code postal : 75007
  • Ville : Paris
  • Pays : France
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Galerie Maeght

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