Parmi 100 galeries dans le monde retenues par Art Basel, et avec 6 œuvres soigneusement sélectionnées, chacune illustrant une période clé de l’artiste, Applicat-Prazan propose une présentation du parcours de Jean Fautrier, fondateur de l’Art Informel.
Au-delà de la notion d’Informel qu’il théorise et qu’il conviendrait sans doute de préciser, Michel Tapié, critique d’art reconnu, a fixé un ensemble de règles que l’on qualifierait aujourd’hui de marketing – successivement chez Drouin, puis au Studio Facchetti, à la galerie Larcade Rive Droite et enfin à la galerie Stadler.
Avec ces préceptes, l’art aurait vocation à l’international, où le curator serait censé orienter les goûts et tisser le lien entre les artistes, les marchands, les collectionneurs et les institutions, et où la publicité et les relations publiques (étayées par la publication de catalogues-livres d’art), la scénographie et la propagation d’articles dans la presse, seraient aussi les outils de l’essentialisation du critique en tant que pierre angulaire de l’objectivation d’une création révélée et nécessairement vouée à la postérité.
Au-delà de ces règles, il y avait les artistes. Parmi ceux-ci, peu ont su innover en termes d’esthétique, d’approche conceptuelle, ancrée dans un cadre sociopolitique, ou dans l’utilisation de médiums spécifiques.
Même si Michel Tapié, véritablement tourné vers l’avenir, et le génial et innovant Jean Dubuffet étaient visionnaires, assistés par leurs marchands talentueux comme René Drouin et son premier associé, Leo Castelli, il n’y aurait pas eu d’Art Informel si tous ces acteurs n’avaient pas été frappés par Les otages de Jean Fautrier présentés chez Drouin par André Malraux en 1945 à Paris.
Jean Fautrier est le véritable fondateur de l’Art Informel. La plupart des mouvements « matiéristes » européens et internationaux se réfèrent ou même se rapportent directement à son approche révolutionnaire de la représentation de l’indescriptible. Après la Seconde Guerre mondiale, être un artiste ne signifiera plus jamais la même chose. Après Fautrier, la peinture ne pourra plus être envisagée en regardant en arrière.