La Teodora Galerie présente du 6 juin au 28 juillet l’exposition La tête dans les nuages de l’artiste italienne Alessandra Maio.
Lever les yeux, contempler les nuages se former au-dessus de sa tête, en déceler les formes et les figures qui se créent : une contemplation que nous pouvons tout aussi bien faire allongés dans l’herbe qu’au sein des murs de la galerie où se déploient les photographies de ciel et les tableaux colorés et unis d’Alessandra Maio.
Le bleu profond de l’azur est capturé par l’appareil photo puis imprimé sur du papier de coton. Un nuage flotte au centre de la composition, mais ce n’est pas un nuage attisant la peur d’un orage proche, il semble aussi léger que du coton et paraît simplement passer son chemin. Un camaïeu de bleu se déploie dans la pièce, telles des fenêtres sur un extérieur au temps doux parsemé d’une légère brise. Mais ce ne sont, cette fois, pas des photographies qui reprennent ces teintes de ciel, mais bien de l’acrylique disposé sur la toile. Pas de nuage en vue sur les peintures d’Alessandra Maio, les nuances sont apaisées et apaisantes sur ces aplats de couleurs unis : à la vue d’une légère séparation se dessinant sur la partie inférieure du tableau, notre regard se perd dans ce qui semble devenir un horizon.
C’est en se rapprochant de la peinture que nous réalisons que cet horizon n’est pas créé par une simple couleur estompée. Des lignes fines, noires et circulaires se forment et semblent appartenir aux reliefs du support, elles sont pourtant dessinées, tracées au stylo par la main de l’artiste sur l’ensemble de la toile. Ces traits, difficilement déchiffrables car fondus dans les teintes dominant une grande partie de la composition, sont en fait les mots d’une même phrase répétée sans relâche. Comme pour extérioriser des peurs enfouies, nous imaginons Alessandra Maio écrire cette répétition comme l’on chanterait un mantra, encore et encore, toujours de la même manière. La planéité et la sérénité de la couleur, qu’elle soit bleu rouge ou jaune, s’opposent alors au sentiment de questionnement, d’incertitude, que les phrases non effacées laissent flotter sur les œuvres.
C’est à une sorte de thérapie, que l’artiste s’adonne en utilisant la toile comme support de réflexion. Comme pour retenir une leçon, Alessandra Maio répète la même phrase, entre autres « Je ne dois plus y penser », sur chaque tableau, tel un enfant qui aurait fauté. Mais ces mots sont peu à peu gommés au profit de la matière, que ce soit l’acrylique ou l’impression photographique, nous montrant que derrière une couleur unie et douce se tapissent parfois des incertitudes enfouies et personnelles.
Texte : Angèle Imbert
Crédit Visuel : Alessandra Maio, Blu 1. Je me perds dans mes pensées, 2018, stylo et acrylique sur toile, 75 x 50 cm