Un témoignage unique : la collection de photographies du duc d’Aumale

A l’occasion du bicentenaire de la naissance d’Henri d’Orléans, fils de Louis-Philippe et duc d’Aumale, le musée Condé de Chantilly invite à découvrir l’histoire de sa création au travers de la collection de photographies du duc.

/// Adèle Rivet

C’est après la Révolution de 1848, alors qu’il est en exil en Angleterre chez la reine Victoria et le prince Albert, ses cousins, que le duc d’Aumale s’intéresse réellement à une technique alors nouvelle : la photographie. S’il se laisse tirer le portrait par des artistes anglais, le duc privilégie pour ses clichés officiels des professionnels français tels que Claudet, le vicomte Vigier qui est son ami ou encore Adolphe Beau. Cette technique devient alors une véritable obsession qui accompagne les moments importants de sa vie. Il commande des photographies et en envoie à ses proches, notamment lors des décès de son épouse et de son fils.

Véritables supports documentaires, des tirages relatent des travaux qu’il a fait réaliser à Chantilly, lors de son retour en France en 1871. Bien que le chantier en lui-même ne soit pas documenté, de nombreux clichés relatent des évolutions du château et de l’ampleur du chantier mené. Le duc a modifié ses projets en cours de construction, afin de transformer une partie de son domaine en un musée qui abritera ses collections. En 1884, gravement malade, il choisit de le léguer à l’institut de France. Le musée Condé voit alors le jour, encore une fois sous l’œil de photographes dont Challot, originaire de Chantilly. Ayant rencontré le duc lors de séances photos officielles, son attachement à la ville le pousse à réaliser une couverture photographique du château reconstruit.
Un second exil oblige le duc à revoir les aménagements du musée à distance. A la fin de sa vie, il utilise la photographie documentaire pour la reproduction d’œuvres d’art. En effet grand collectionneur, il privilégie ce support à la gravure d’interprétation, alors médium privilégié pour la diffusion d’œuvres d’art. De nombreux tableaux de sa collection passent ainsi devant l’objectif  

Ses dernières années apporteront les clichés les plus intimes du duc, qui vit entre Paris et Chantilly et se fait prendre en photo lors de réceptions dans des lieux qui lui sont chers, notamment au Zucco, propriété familiale en Sicile. C’est là qu’il mourra en 1897 d’une crise cardiaque, avant de se faire enterrer dans la chapelle des Orléans à Dreux.

Depuis les premiers clichés au Daguerréotype, cette collection unique se voit témoin de l’évolution et des différentes techniques de photographies depuis ses débuts. La vie du duc et la transformation du château en musée est ainsi véritablement documentée des notes de, l’agenda du duc venant accompagner les photographies.