Entrez dans la fabuloserie de Lyzane Potvin à la Galerie GNG

Du 31 octobre au 2 décembre, découvrez les œuvres insolites et performatives de l’artiste québécoise Lyzane Potvin à la Galerie GNG.

 

       /// Nora Djabbari

 

“Confinée au fond de ma grotte, là où les couleurs se font la guerre, où les murs vibrent. Ici j’habite chaque petit coin d’espace. Ici c’est la révolution. Ici je crée des émeutes, je bâtis des villes, des forteresses, des gigantesques citadelles. Ici je peux mourir, ici je peux revivre. Ici tout a un sens.”

 

 

C’est une explosion de vie, un tremblement de terre où les émotions se font la guerre. Lyzane Potvin nous ouvre son monde intérieur, sans concessions ni retenue, et nous happe dans ce flux d’énergie folle concentré dans toutes ses toiles. Comme l’évoque son nom, l’exposition Détonatrice possède la puissance d’une déflagration au féminin. Chaque toile est une mise en scène qui nous parle et nous intrigue. Lyzane Potvin fige des images mentales. Elle capte l’instant bouillonnant où l’implosion commence pour nous conduire dans cet espace incertain mais merveilleux où le passé et le présent fusionnent. Nous entrons dans l’éternité avec elle, libres et rêveurs, rassasiés de vie, de vitalité, prêts à tout affronter.

 

Habituée à produire une œuvre pleine de panache, Lyzane Potvin continue dans cette série d’exposer frontalement ses joies, ses peines et ses vulnérabilités mais cette fois, elle semble canaliser sa création dans un élan laissant plus de place pour l’épuration. À travers la diversité de toutes ses mises en scène, elle devient l’allégorie de toutes les femmes, de toute l’humanité, sublime ou terrible, dans tout ce qu’elle a de plus beau et de plus fragile.

 

L’accrochage s’inscrit dans la continuité du travail de l’artiste et reprend le thème de l’autoportrait. Lyzane Potvin se photographie et peint ses clichés pour les inscrire dans une autre réalité. Une manière audacieuse de faire entrer la poésie dans le réel. L’artiste amène impérieusement ses visions et leur confère une existence touchante et palpable. La photographie se fond totalement, visible mais parfaitement intégrée à l’ensemble. Lyzane Potvin joue avec les contrastes et la profondeur du papier grâce à la peinture acrylique. L’accrochage explore également la technique de l’encre, une nouveauté dans son travail générée par un accident fortuit, comme elle l’explique : “J’ai renversé de l’encre, je ne voulais pas l’utiliser au départ, mais je travaille librement, je n’ai pas peur de l’erreur. Finalement, j’ai aimé le résultat, le contraste entre ces jets noirs et le fond blanc”.

La série Détonatrices a des allures chimériques. L’image forte de la grenade est prenante, constante tout au long du parcours. La matière organique du fruit est détaillée. Elle surgit des poitrines et des cœurs, bombée d’agitation. Ces personnages parées des nobles plumes de harfang des neiges s’effondrent ou voltigent avec volupté. Grâce à la force de la suggestion, on devine le mouvement, le vent qui se masse et la chevelure qui s’étend.

Impulsive, hypersensible, Lyzane nous ouvre les clés d’un cosmos surpuissant, s’expose en produisant un bruit retentissant, celui qui se produit quand la sincérité épouse la créativité.