Mode et sport sur le même podium au Musée des Arts décoratifs

Il faut dire que l’exposition avait tout pour nous conquérir. Poussée par sa scénographie pop atypique, elle témoigne sans conteste d’un effort de vulgarisation louable. Textes pédagogiques, vidéos, photographies… Il y a sans conteste là une mine d’informations que chacun pourra picorer à souhait pour en ressortir un peu plus cultivé. On peut également noter un effort de restauration remarquable tant les pièces présentées paraissent neuves. Et puis, le titre inattendu de l’exposition suffisait déjà pour susciter la curiosité. Mode et sport… Ces deux thématiques nous paraissent aussi éloignées que Mars l’est de Vénus. Et pourtant… Le sport comme la mode ont toujours constitué des formidables moyens d’expression permettant de documenter l’évolution de notre société. Ainsi, au début du XIXème siècle, la bicyclette encourageait les femmes à s’émanciper tandis qu’au début du XXème, le style sportswear devenait un incontournable de la garde robe masculine et féminine, témoignant d’une préoccupation continuelle d’intégrer la notion de confort dans l’habillement sportif.

 

 

L’exposition Mode et sport nous amène à découvrir la grande porosité de ces domaines grâce à un parcours chronologique limpide, allant de l’antiquité à nos jours. Trois périodes majeures émergent : le début du XIXème siècle, l’entre deux guerres et la seconde moitié du XXème siècle. Mais l’exposition adopte également une approche thématique en se penchant individuellement sur chaque sport.

 

 

Cette déambulation nous amène ainsi à redécouvrir des figures emblématiques de l’histoire de la mode, de Jean Patou à Gabrielle Chanel en passant par Jeanne Lanvin. Pourtant, l’exposition ne réussit pas réellement à nous offrir un véritable voyage temporel complet. La réception sociétale des tendances associées à la mode sportive n’est que peu traitée. Si on apprécie dans les salles allouées à la bicyclette ou à la baignade l’évocation de l’émancipation féminine, on regrette plus tard aussitôt la neutralité d’un parcours qui s’efforcera sans cesse d’évoquer sans traiter. La neutralité persistante de l’exposition laisse le spectateur avide d’une analyse, d’une interprétation sociale sur la façon dont le sport a façonné notre rapport à l’urbain, à notre réalité socio-économique et à notre sentiment d’appartenance à une communauté.

L’exposition vaut quand même largement le détour. Bien que le visiteur reste sur sa faim en termes d’interprétation, il en ressortira nourri de belles images et pourra profiter d’un bon effort didactique.