Amal Abdenour – Électrographies passionnées à l’Enseigne des Oudin

Une vie d’énergie et de combat. La grande artiste Amal Abdenour s’est éteinte en 2020 et ses œuvres lumineuses continuent d’irriguer avec force notre héritage artistique. L’Enseigne des Oudin, qu’elle a été l’une des premières à rejoindre, fait honneur à son parcours et à son œuvre avant-gardiste et radicalement personnelle. Pionnière de l’art corporel, éternelle militante pour la reconnaissance de l’identité palestinienne, l’artiste fut marquée par son enfance d’exilée provoqué par la Nakba. Diplômée des Beaux-Arts de Paris en 1962, elle fonde son propre art au rythme des révolutions économiques et sociales bouillonnantes qui secouent le Moyen Orient.

C’est sur l’électrographie, machine précurseuse de la photocopieuse, qu’elle jette son dévolu. L’électrographie, technique en noir et blanc où la lumière se mue en trait, devient son moyen d’expression privilégié. À travers cette forme d’art, Abdenour réalise une série d’autoportraits déformés, recomposés au rythme des couleurs explosives. Grâce à l’absence de netteté et la large liberté permise par cette machine, elle capture l’éphémère, les émotions fugaces et intenses. Les mouvements impulsifs des faisceaux lumineux forment des œuvres organiques où la lumière devient semblable à des vaisseaux sanguins.

À partir de 1974, année qui marque l’arrivée de la première photocopieuse couleurs, elle intègre cet outil dans son travail et entre dans une foisonnante période d’expérimentation où elle signera de nombreuses expositions. “L’artiste intervient de façon intuitive et improvisée, tente de saisir l’insaisissable en poursuivant la lumière qui lui échappe des mains, joue sur le clair obscur. Elle ou il provoque et exploite le hasard qu’elle ou qu’il transforme en art par son propre souffle” expliquait t-elle pour décrire sa démarche. L’exposition présente des œuvres produites à différentes périodes de sa vie, nous offrant un large panorama de sa création.

Jusqu’au 25 aout 2024, également, son œuvre “Unités triomphantes” présentée au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris dans le cadre de l’exposition : «Présences arabes, Art moderne et décolonisation – Paris 1908 – 1988”.