Claire Forgeot : la brûlure de l’art

Après avoir accueilli l’artiste contemporaine Claire Forgeot dans l’exposition collective Regards croisés jusqu’au 30 décembre 2023, la Maison Galerie Laurence Pustetto lui consacre un solo show inédit intitulé Les jardins consumés du 10 mars au 8 mai 2023. Ses dessins laissent la brulure et les cendres au centre de sa création, pour créer une atmosphère de solitude poétique.

/// Lolita Fragneau

Née en 1956 à Bayonne, Claire Forgeot étudie à partir de 1974 à l’Ecole supérieure d’arts graphiques de Paris. En parallèle de sa carrière professionnelle où elle produit des dessins pour la presse et l’édition, elle développe aussi des créations personnelles. Elle expose ses premières peintures dès 1982, mais c’est à partir de 1994 qu’elle choisit de se consacrer uniquement à ses dessins. Ses recherches sont orientées vers le rapport entre les couleurs et le noir, ainsi que vers la simplification du signe.

C’est en 2004, alors qu’elle traverse le flanc d’une montagne incendiée, qu’une transition nette se produit dans sa création : la vision du feu restera ancrée en elle à tout jamais et introduit le noir de calcination dans son œuvre. « Le paysage est central, avec tous les éléments qui le composent », explique Claire Forgeot. « Depuis 2004, je travaille sur les traces laissées par le feu, d’abord le noir de calcination, ensuite la brûlure elle-même. Dans la série « Les jardins consumés », j’ai convoqué diverses plantes du jardin. Ensuite certains arbres que je connais se sont imposés à moi. Ils sont vivants, fragiles. Ces grands dessins brûlés sont des portraits. »

L’artiste mêle les teintes noires et la brûlure du papier à travers un décor de paysage où les arbres deviennent des protagonistes à part entière. Depuis 2019, le crayon et la brûlure du papier se croisent et se confondent sur le papier Thaïlandais qu’elle manipule, devenu son médium préféré depuis de nombreuses années par sa légèreté et sa transparence qui favorisent les superpositions et les marouflages. Les œuvres ne sont que paysages brûlés, jardins calcinés, et arbres consumés, qui créent une sensation de solitude et d’abandon, et pourtant elles procurent un sentiment d’espoir et de résilience pour cette nature qui renaît de ses cendres

Pour Claire Forgeot, l’art ne sert pas à dépeindre les éléments immuables de la vie, mais bien les passages d’état à un autre dans ses variations les plus infimes. C’est finalement un hymne à la vie que dépeint l’artiste, sublimé par la douceur et la poésie qui lui est chère.