« Côté jardin. De Monet à Bonnard » au musée des impressionnismes

« Côté jardin. De Monet à Bonnard » au musée des impressionnismes

Du 19 mai au 1er novembre 2021, le musée des impressionnismes Giverny propose une exposition sur le thème du jardin : « Côté jardin. De Monet à Bonnard ». Cette exposition inédite présente une centaine d’œuvres – peintures, estampes, dessins et photographies – qui explorent la représentation de ce thème par les artistes impressionnistes et nabis.

/// Eléonore Blanc 

 

Depuis l’Antiquité, la représentation du jardin est un thème classique dans l’art. Cette exposition traite ce thème à travers un axe original qui place au cœur du parcours, la sensibilité de chaque artiste. En effet, elle révèle la relation d’intimité entre le peintre et le jardin représenté. Le parcours est réalisé de telle sorte que le visiteur appréhende la sensibilité de chaque artiste impressionniste et nabis face au jardin. 

Alfred Sisley, Printemps, paysanne sous les arbres en fleurs, vers 1865-1866 Huile sur toile, 46,5 x 56 cm Collection particulière, par l’intermédiaire de la Hélène Bailly Gallery, Paris © Courtesy Galerie Bailly

L’exposition « Côté jardin. De Monet à Bonnard » illustre également la construction des jardins publics dans la capitale et leur importance progressive dans la vie quotidienne des parisiens dans la seconde moitié du XIXème siècle. L’histoire de l’essor des espaces verts à Paris est soutenue par la présence de nombreuses épreuves photographiques d’époque qui immergent le visiteur dans le paris du XIXème siècle.

Le parcours est à la fois thématique et chronologique afin de rendre l’exposition parfaitement lisible. Dans cet esprit, l’exposition se concentre également sur le thème du jardin utilisé comme décor pour valoriser un portrait. Les peintres ont en effet progressivement utilisé ce thème pour représenter la personnalité des portraitisés notamment pour les portraits féminins. Les femmes vont investir les paysages de jardin et le paysage devient le réflecteur d’une forme de féminité.

L’exposition « Coté jardin. De Monet à Bonnard » met également en confrontation les impressionnistes ; d’Auguste Renoir à Claude Monet, et les Nabis ; d’Edouard Vuillard à Pierre Bonnard. L’exposition révèle ainsi les complémentarités et les différences dans l’esthétique de ces deux groupes d’artistes.

Albert Bartholomé, Dans la serre, vers 1881, Huile sur toile, 233 x 142,5 cm. Paris, musée d’Orsay, don de la Société des Amis du musée d’Orsay, 1990, RF 1990-26 © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Dans la seconde moitié du XIXème siècle, notamment sous le Second Empire (1852-1870) et la IIIe République (1870-1940), la ville de Paris est dotée de nouveaux jardins publics. Les impressionnistes puisent alors leur source d’inspiration dans les nouveaux parcs de la capitale. Ils vont progressivement s’attacher à représenter leur propre jardin ou ceux qui les marquent profondément comme Claude Monet, Camille Pissarro et Alfred Sisley qui explorent ces lieux sous un prisme personnel. L’esthétique des impressionnistes illustre un rapport particulier avec ces espaces, qui deviennent intimes – par l’investissement de nombreux visages familiers  – et sans référence temporelle, puisque ces peintres s’attachent à représenter leur ressentie face à cet espace. Les Nabis, qui prennent leur essor dans les années 1890, comme Edouard Vuillard, Maurice Denis ou Paul Sérusier, explorent également l’atemporalité de ces jardins : le regardeur ignore s’il observe un jardin ou une scène de théâtre.

Ainsi, ces œuvres sont des manifestes de sensibilités puisqu’elles livrent aux promeneurs la vision personnelle de l’artiste sur son jardin. La thématique du jardin évoque la relation singulière entre le jardin et la personne qui y pénètre. Les Nabis reprendront ce thème en se libérant de l’esthétique impressionniste qui s’attachait à la retranscription sensitive. En effet, Les Nabis privilégiaient la recomposition a posteriori, en atelier, tout en acceptant l’héritage des impressionnistes par le travail de la lumière. L’exposition se propose de restituer ce long processus créatif, marqué par des changements importants.

 

Les promeneurs pourront découvrir un pan central de l’Histoire de l’art à travers une exposition qui prend place dans un univers luxuriant. Les œuvres colorées, aux jeux d’ombres doux ou contrastés, sont des appels aux rêveries. Cette exposition promet une évasion poétique entre culture et nature.

 

James Tissot, La Rêveuse ou Soirée d’été, vers 1876 Huile sur bois, 34,9 x 60,3 cm Paris, musée d’Orsay, legs de William Vaughan, 1919, RF 2254 © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

 

Musée des impressionnismes

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