Erté : le Spectaculaire

Pour les fêtes de fin d’année la Galerie de Buci lève le rideau de velours constellé d’étoiles sur l’univers d’un des artistes les plus mystérieux du XXe siècle dont le nom est synonyme de l’Art déco et du théâtre : Erté.

Sous ce pseudonyme mystérieux, Romain de Tirtoff, issu d’une famille noble, a repris sa vie à zéro. Prenant la place d’un être humain de chair et de sang, voici qu’apparaît l’artisan d’une beauté parfaite et irréelle dans toutes ses manifestations, à la fois artiste et sculpteur, créateur de mode, illustrateur et scénographe, fusion réussie de toutes ses formes sous les traits d’un seul homme.

Mouvement, danse, performance : telle est la Sainte Trinité et la première inspiration de l’œuvre multifacette et complexe de cet artiste unique. L’étendue des perspectives et l’omniscience de l’artiste éblouissent, tout comme sa maîtrise des moyens d’expression : rythme, structure harmonieuse des œuvres, décor exagéré. Presque toutes les traditions dans le domaine de la peinture, anciennes et modernes, se retrouvent réunis dans un alliage, du laconisme graphique de vases grecs peints et de la couleur des ornements égyptiens à la préciosité de la décadence et le raffinement du style moderne.

Beauté exquise des silhouettes fines défiant la loi de la pesanteur, des lignes douces, des tissus légers, des combinaisons insolites de couleurs, des incrustation de motifs uniques confèrent à son art un côté à la fois éclectique et élégant.

Il adore l’atmosphère festive, les silhouettes élancées des femmes, les fils de perles tissés, les bras rejetés en arrière et les contours subtils de ces ensorceleuses, or ces images véhiculent un état d’esprit hédoniste.

Ses beautés gracieuses soupirent et s’exhibent exactement comme les pâles élégantes imaginées par ses contemporains. Mais là où ces derniers mettent en scène le kitsch tragique d’un intellectuel s’interrogeant sur la mort de la civilisation, Erté procède à l’observation de la préciosité d’une nouvelle génération de beautés. Ses héroïnes sont vêtues de costumes de théâtre en velours garnis de galons et de liserés, à la seule différence que cet amour pour le velours ne sert pas de support pour la propagande du patrimoine historique au nom du salut du monde ; il s’agit de l’amour pour un matière lourde, belle et véritablement luxueuse.

Légende de la mode de Broadway, créateur d’images de Mata Hari, Joséphine Baker, Anna Pavlova ou Zizi Jeanmaire, il a conçu des costumes et des décors des Folies Bergères, du Lido, du Théâtre du Châtelet, de l’Opéra de Paris, de Covent Garden pour ne citer que les plus emblématiques. 

Erté demeure l’un des auteurs célèbres les plus méconnus. Plus de 50 œuvres – dessins originaux, sérigraphies, bronzes, mais également objets en verre – sont réunies pour la première exposition de l’artiste à la Galerie. Après Londres, New York, Mexico, c’est à Paris de lui rendre hommage avec cette exposition consacrée à son art théâtral.