Fenêtres sur le monde

Le photographe Thomas Jorion nous convie à ses « Voyages Immobiles » jusqu’au 11 décembre à la Galerie Insula à Paris. Les clichés de l’artiste symbolisent la projection du corps et de l’âme vers le monde extérieur à travers le motif de la fenêtre.

/// Quentin Didier

 

Depuis plusieurs années maintenant, Thomas Jorion parcourt le monde appareil à la main pour défricher des espaces abandonnés et désaffectés (une maison perdue en pleine forêt, une ancienne usine, un ancien hangar, etc…). Il donne une seconde vie à des lieux désertés, livrés à eux-mêmes hors du temps. Son intérêt s’apparente à capturer cet instant intemporel où rien ne semble pouvoir avoir emprise sur la plénitude qui s’en dégage. En effet, les photographies de l’artiste sont dans un premier temps calmes et relaxantes. Dans un monde où tout et tout le monde va plus vite, Thomas Jorion prend le temps de capturer un cadre qui pourrait apparaître anodin. Il photographie des fenêtres et autres portes ouvertes dans des œuvres qui s’ouvrent vers le monde extérieur, invitant au voyage du corps et de l’âme.

 

 

Le photographe donne un sens nouveau à ce travail depuis la crise sanitaire et les confinements que nous avons pu subir. Alors que le monde est à l’arrêt, les tirages de l’artiste peuvent paradoxalement insuffler du mouvement. Il reprend ici le motif de la fenêtre pour imager explicitement cette idée. Notre regard est attiré par cet élément au centre de l’image, et projette notre esprit vers un monde extérieur où tout est possible et imaginable. Car c’est bien notre imagination qui est provoquée dans ces tirages de « Voyages immobiles » ; elle seule est en mesure de satisfaire notre désir de s’évader en ces temps difficiles. L’immobilité ici évoquée est inspirée par une crise sanitaire qui nous fait nous replier sur nous même, peinant à distinguer des perspectives extérieures.

Thomas Jorion joue avec notre esprit et notre perception. Ses images sont parfois plus symboliques encore avec l’utilisation de surcadrages qui ajoutent une dimension surréaliste. L’imaginaire est bousculé pour nous guider vers un voyage physique et métaphysique.

 

 

Visuel principal : Thomas JORION – Volo (Italie) – tirage Fine Art Hahnemuhle – 120 x 96 cm – 2020 – Galerie INSULA