François Malingrëy : A la rencontre de l’artiste dans son atelier à l’Orfèvrerie

François Malingrëy : A la rencontre de l’artiste dans son atelier à l’Orfèvrerie

Artiste peintre diplômé de l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, François Malingrëy nous accueille dans son atelier à Saint-Denis pour nous parler de son parcours et de sa pratique artistique. Des images fortes peuplées de personnages sans identités, une ambiance étrange dans un univers magique et troublant, les peintures de Malingrëy nous captivent et nous touchent sans que l’on puisse nécessairement l’expliquer. 

/// Jessica Soueidi

1. Peux-tu me raconter comment tu as vendu ta première toile ?

Lorsque je vivais à Strasbourg, le galeriste Bertrand Gillig était mon voisin, il habitait trois étages en dessous de chez moi. La première fois que l’on s’est rencontré, je déménageais les peintures que j’avais exposé lors de mon diplôme. Je faisais donc beaucoup d’aller-retour dans les couloirs pour monter mes toiles jusqu’au cinquième étage. En descendant, je trouve un post-it sur une peinture qui dit : « je suis le Galeriste du deuxième, passez me voir ! »  C’est ainsi que je fis la connaissance de Bertrand Gillig et qu’il m’acheta ma première toile.

2. Quel a été l’impact de Montrouge sur ta carrière ?

C’était un vrai coup d’accélérateur ! Avant, j’avais travaillé avec la Galerie Tokonoma et Art Factory. J’étais d’ailleurs en train de monter une exposition à la galerie Art Factory quand j’ai appris que j’étais l’un des lauréats du Salon de Montrouge. Les professionnels de l’art viennent y chercher les jeunes artistes qui ne sont pas encore connue pour les faire évoluer. Grâce à ce prix, j’ai pu exposer au Palais de Tokyo. Par la suite, j’ai signé des contrats avec plusieurs galeries parisiennes et aujourd’hui mon travail est représenté par la Galerie Le Feuvre & Roze.

3. D’où vient ta vocation et quelle est ta formation ?

Mon père est dessinateur de presse, je l’ai toujours vu pratiquer ce métier et j’adorais dessiner. Plus tard, j’ai tout simplement intégré les Beaux-Arts d’Epinal. Je suis arrivé en voulant faire du dessin et j’ai fini pas faire du théâtre. Ensuite, j’ai rejoint l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg en Illustration et j’ai fini par faire de la peinture. Je m’intéresse beaucoup à la narration c’est pour cette raison que j’ai voulu faire partie du groupe Illustration qui était d’ailleurs très ouvert, très riche et il y avait une bonne dynamique.

4. Combien de temps mets-tu pour réaliser une toile ?

C’est variable. Tout dépend de la quantité de travail que ça me demande : de dix jours à trois semaines. Je dois d’abord réfléchir, constituer la documentation photographique, faire des tests et commencer à peindre. Par exemple, je voulais savoir comment peindre un plancher. Avant de m’attaquer à la grande toile, j’ai d’abord testé des effets de matières sur un petit format pour trouver la nuance de gris la mieux adaptée.

5. D’où vient cette ambiance étrange dans tes peintures ?

C’est assez instinctif. Je me souviens, lors de mon premier bilan à l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, les professeurs étaient impatients de connaître l’explication derrière ma démarche artistique. Je leur ai répondu que « je le fais parce que je le fais ». La part de mystère et de magie dans mes compositions est omniprésente. Mon idée principale c’est de créer des scènes fortes pour que le spectateur s’arrête et s’interroge devant des images ouvertes où les possibilités d’interprétation lui sont infinies. Par exemple, dans cette scène de procession, j’aime l’idée que le spectateur ne sache pas de quoi je parle. Est-ce un enterrement, une fête, une pièce de théâtre ? L’image ne s’arrête donc pas à ce que l’on voit.

Le décor, je l’invente et parfois il fait référence à des artistes comme cette bouche du peintre américain Tom Wesselmann. Ça apporte de l’étrangeté à la scène. A côté de la gardienne des enfants, il y a cette bouche sensuelle rouge pas très glamour avec la clope. La référence n’est pas indispensable à la lecture du tableau.

6. Qui sont les personnages que tu peints ?

Le plus souvent, ce sont des personnes que je connais : la famille et les amis. Ma copine et ma sœur sont souvent représentées dans mes tableaux mais elles ne me servent qu’à composer l’image. Je fais poser les gens, je les prends en photo et ensuite je les peints. Le spectateur n’a pas besoin de savoir qui sont ces personnages pour comprendre le tableau.

7. Quels sont tes futurs projets ?

En mars 2020, j’ai une exposition personnelle de prévu à la Galerie Le Feuvre & Roze.