Gulistan, la mémoire en lumière

Gulistan, la mémoire en lumière

À Vernon, à deux pas de Giverny, le Pavillon des Jouets devient cet automne le théâtre d’un dialogue rare entre Orient et Occident. L’exposition Jardins du Temps de l’artiste chinoise Gulistan, portée par le Pavillon International des Arts et son fondateur GAO Bo, invite à une traversée picturale du souvenir, de la lumière et du silence. 

///Gaël Martin

Une poésie entre deux mondes

Dans la lignée de ses séries Portraits en mémoire ou Tales of Time, Gulistan explore ici l’essence du temps. Sa peinture, tout en douceur, joue sur les gris perle, les roses poudrés et les bleus pâles. Sous la surface, le spectateur devine les strates du vécu : la trace d’un geste, la survivance d’une émotion. Ses toiles ne racontent rien, elles suggèrent ; elles nous entraînent vers cet espace suspendu où la mémoire se fait lumière.

Le Pavillon des Jouets : un écrin habité

Ancienne usine de torréfaction du XXᵉ siècle, rescapée des bombardements de 1944, le Pavillon des Jouets renaît aujourd’hui comme un haut lieu de création contemporaine. GAO Bo, artiste franco-chinois reconnu, y a façonné un sanctuaire dédié à la lenteur, à la méditation et à la beauté du geste. La rencontre entre ses installations et les toiles de Gulistan relève de l’évidence : même ferveur silencieuse, même rapport au temps, même quête de sens.

Une peinture de la présence de l’absence

À contre-courant de la scène chinoise spectaculaire et conceptuelle, Gulistan s’inscrit dans une esthétique plus intime que théorique. Son art parle à la fois du visible et de ce qui s’efface : ombres, souvenirs, visages devenus traces. Dans cette série, chaque toile agit comme un miroir intérieur. Le spectateur y reconnaît quelque chose de lui-même : un paysage mental, une émotion enfouie.

Entre patrimoine et avenir

Présentée dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine et des Journées Nationales des Artistes, Jardins du Temps s’impose comme un hommage à la transmission. Elle interroge la manière dont l’art, comme le patrimoine, survit au temps : non en résistant, mais en se transformant. L’exposition, gratuite et ouverte à tous, réunit deux artistes liés par la Chine, la France et un même souffle poétique.

Pavillon des jouets