Julien-Arnaud Corongiu : deuil et aspiration au bonheur à la Galerie Olivier Waltman

/// Nora Djabbari

« Voilà une partie de ma vie que je vous offre à présent », déclare Julien-Arnaud Corongiu à propos de son nouveau solo show. “Comme tout le monde, j’ai voulu vivre” est sa seconde exposition personnelle à la Galerie Olivier Waltman. Lauréat du Prix de Dessin Pierre David-Weill 2022 de L’Académie des Beaux-Arts de Paris, l’artiste développe un travail psychologique aux relents expressionnistes. Cette fois, c’est la thématique du deuil qu’il développe avec une poésie permise par la délicatesse naturelle de son support : le papier. 

Sont exposés ses travaux récents qui se déclinent en acryliques, fusains, encres… Tous représentent des personnages pensifs enfermés dans leur monde intérieur impénétrable. Ils ont le regard vide, les yeux creux, leurs contours sont vaporeux. Il s’agit de donner une forme tangible à des états émotionnels profonds. Dans cette série, l’artiste est partout : debout, il tient un bouquet de fleurs immaculées, son visage se fond dans la noirceur, il est enveloppé dans son tourment, la tête baissée, le dos voûté. Mais c’est aussi toute l’humanité touchée par la problématique de la mort qu’il évoque.   

À travers ses œuvres, il décrit la hantise d’être celui qui reste dans un monde dont on se détache. Cette problématique fait écho à ses œuvres précédentes qui exploraient le concept d’identité. Si le propos est grave les couleurs sont flamboyantes. Cette façon de s’exprimer introspectivement avec la couleur est un clin d’œil au fauvisme, mouvement dont l’artiste s’inspire. Ici les pigments se fondent dans le papier et dans les toiles comme s’ils étaient absorbés sur du papier buvard. Les couleurs se diffusent et se dispersent aléatoirement comme dans un rêve. Une façon de créer une atmosphère surannée qui nous plonge dans la psyché des figures représentées.   

En s’emparant d’une palette chromatique vive et d’un geste qu’on devine spontané, Julien-Arnaud Corongiu renouvelle la représentation du deuil. Tout en exprimant la complexité de cette expérience, il nous offre l’espoir réconfortant de renouer avec le bonheur. Ces œuvres sont belles parce qu’elles sont sincères, parce qu’elles nous révèlent sans pathos ni fausse légèreté la fragilité de notre existence et surtout, notre capacité à l’accepter pour la surmonter.