Curatée par Roger Niyigena Karera, l’exposition We are enough portée par le parcours d’art AFIRIKA ARTFEST accueille à Paris onze artistes de la scène artistique contemporaine africaine jusqu’au 26 mai prochain.
/// Nadège Besnard-Roussel
Les artistes choisis par le curateur et co-fondateur du parcours AFIRIKA ARTFEST natif de Kigali au Rwanda racontent un récit profondément ancré dans l’histoire et les mémoires africaines. Cette exposition donne notamment la parole à trois artistes femmes issues des Bahamas, d’Afrique du Sud et de la Côte d’Ivoire mettant l’accent avec fierté sur l’histoire du continent africain.
Roger structure sa pensée sous des titres anglophones par choix comme pour rappeler son Rwanda natal empreint de culture américaine. Il découpe ce parcours 2023 en 8 chapitres sous le titre « We are enough ». Awareness, Multiple identities, Self acceptation, We are who we are, Renaissance, Dreams et enfin Self place, chaque chapitre nous donne à voir sa vision respectueuse et reconnaissante de ce continent qui l’a vu naître.
Nous retrouvons l’artiste Zanele Muholi exposée conjointement à la MEP qui vient illustrer le chapitre « Multiple identities » faisant la part belle à la diversité de cet immense continent composé de 55 pays plus d’un milliard d’habitants et quelques milliers de langues. Zanele Muholi porte depuis de nombreuses années son regard de photographe avec un propos audacieux sur l’acceptation des différences.
Joana Choumali recouvre quant à elle ses images prises avec son téléphone d’un voile brillant où elle vient minutieusement éveiller les esprits et remettre de la beauté et de la douceur dans un monde chaotique. Sa technique hybride mélange ainsi la photographie, la broderie et le tissage offrant au spectateur un message d’espoir. C’était d’ailleurs le thème Hope qui lui avait permis en 2019 de gagner le 8e prix Pictet pour sa série emblématique « ça va aller ».
La dernière artiste femme de cette exposition se nomme April Bey. Moins connue en territoire métropolitain que ses consœurs plus souvent exposées sur la place parisienne, cette artiste native des Bahamas (New Providence) compose installations et tapisseries dédiées à un monde imaginaire afro-futuriste. Un travail manuel de collage exigeant où interagissent de nombreux matériaux tel que le calfeutrage, la résine, le bois et le tissu. Basée à Los Angeles, April Bey est une artiste engagée connue pour ses observations sociales et sociétales de la politique américaine et bahamienne. Dans sa série « Atlantica » présentée dans la salle du premier étage de la 193 Gallery, l’artiste propose de réinventer l’afro-futurisme en dehors de l’agenda civilisateur européen et des séquelles de la dépendance coloniale.
Sept des huit chapitres se déploient à travers les deux adresses de la Galerie 193 créée par César Levy en 2018 situées de part et d’autre de la rue Béranger montrant le travail de Modou Dieng Yacine natif de Saint Louis au Sénégal, celui de Thandiwe Muriu photographe Kenyane ou bien encore celui de son homologue Evans Mbugua. Willow Evann, né en 1985, qui travaille entre la France et la Côte d’Ivoire, cet artiste protéiforme nous invite dans l’espace du 21 rue Béranger tout comme Ken Nwadiobgu natif du Nigéria, Cédric Tchinan peintre abidjanais dont le trait fascine tant : il happe notre regard sans oublier le jeune peintre contemporain nigérian Abe Ogunlende qui se réserve à un langage visuel simplifié peuplé de pois et de sujets à la peau sombre.
L’ultime chapitre est consacré à l’artiste Alexis Peskine sculpteur au propos engagé vivant entre la France et le Brésil dont le travail est visible à la galerie de Carole Kvasnevski rue Dautancourt dans le 17eme arrondissement jusqu’au 26 mai prochain.
193 Gallery
- Adresse : 24 Rue Béranger
- Code postal : 75003
- Ville : Paris
- Pays : France
- Tel : 0145315416
- Site Internet : https://www.193gallery.com/