Le Musée Maillol accueille sans doute l’une des expositions les plus importantes de cette fin d’année, avec une colossale rétrospective du travail de Steve McCurry. Quelques 150 clichés du célèbre photographe américain bâtissent un voyage aux quatre coins du globe à travers l’objectif de l’un des plus délicats artisans du 8ème art.
/// Quentin Didier
Steve McCurry devient mondialement célèbre en 1985 lorsque le National Geographic Magazine expose en couverture son œuvre Afghan girl. D’une rencontre fortuite au cœur des terres tribales, né un intense moment d’histoire. Cet iconique portrait d’une jeune fille afghane aux yeux verts entre dans l’histoire, porté par le puissant et hypnotisant regard de Sharbat Gula – le photographe ne connaitra le nom de cette femme qu’en 2002 au cours d’une seconde rencontre. De fabuleuses histoires comme celle-ci, Steve McCurry peut en raconter des centaines tant il s’est attelé pendant des décennies à capturer le monde tel qu’il est, et à l’exposer aux yeux de tous. Il se décrit lui-même comme un conteur visuel, laissant ses images brutes et sensibles témoigner d’un instant, aussi cru celui-ci peut-il être.
Car l’artiste américain n’hésite pas à présenter des images dures, photographiant la guerre ou la misère aux confins du monde. Son reportage lors de la première Guerre d’Afghanistan devient un modèle du genre. Steve McCurry réussi à se faufiler au plus près des combattants moudjahidines et constitue un des premiers rapports de cette terrible période.
Dès lors il s’établit comme l’un des photographes-reporter les plus prolifiques et brillants, parcourant le globe pour réaliser de somptueux clichés. Il voit en le 8ème art une manière de proposer un langage universel qui puisse connecter les peuples entre eux. C’est bien cette idée empathique qui traverse la mosaïque de visages et de paysages que l’on découvre dans les allées du Musée Maillol. La scénographie assurée par Peter Bottazzi nous plonge dans une immensité labyrinthique, véritable matérialisation d’une humanité vaste et diversifiée – un message évident mais qu’il est toujours aussi important de rappeler.
L’humanité est ici visible dans un superbe ensemble très travaillé où les détails et les couleurs sont magnifiées. Steve McCurry ne s’en cache plus, certaines de ses créations sont légèrement retouchées pour donner à l’extraordinaire, une dimension à couper le souffle. Les clichés du photographe américain subjuguent par l’intensité expressive qu’ils dégagent. Chaque regard, chaque évènement, chaque instant capturé transcende quiconque y pose les yeux.
On peut bien entendu questionner sa démarche qui donne parfois l’impression d’esthétiser la misère. Reste qu’un tel travail photographique rend tout de même compte de la vie à travers le globe, Steve McCurry conte l’histoire de l’humanité bien avant la sienne avec des images aérées et qui invitent à la contemplation. Il n’est finalement que serviteur d’un monde sublime, riche de sa diversité. Et c’est bien cette dimension sublime qui constitue la majeure partie de son œuvre titanesque.
Visuel principal : Peshawar, Pakistan, 1984 © Steve McCurry
Musée Maillol
- Adresse : 59-61 rue de Grenelle
- Code postal : 75007
- Ville : Paris
- Pays : France
- Tel : 01 42 22 59 58
- Site Internet : www.museemaillol.com