Nebojsa Bezanic : Le rire de Sisyphe

Nebojsa Bezanic : Le rire de Sisyphe

Nebojsa Bezanic artiste né en 1965 en Ex-Yougoslavie, lauréat de l’académie des Arts Décoratifs de Belgrade en section peinture en 1986, installé en France en 1989, et naturalisé français en 1994 serait-il un Sisyphe heureux ? Un Sisyphe condamné à pousser éternellement son rocher pour s’être rebellé contre la volonté des dieux en confiant leurs secrets aux humains. Un Sisyphe dont Albert Camus écrit en 1942 dans un essai Le Mythe de Sisyphe faisant partie du cycle de l’absurde : « toute la joie silencieuse de Sisyphe est là. Son destin, lui appartient, son rocher est sa charge ».

 

/// Stéphane Gautier

 

Le destin de Nebojsa Besanic dont le prénom en slave signifie qui n’a pas peur, serait-il dans cette acceptation silencieuse de son destin de peindre encore et encore les secrets des dieux pour les révéler aux humains, leur faire prendre conscience de l’absurdité de notre monde contemporain ? Assurément oui, avec talent et une certaine jubilation.

 

Avec talent car l’artiste se saisit de multiples références artistiques. On pense à Bosch, Breughel, aux danses macabres, aux tarots, aux gravures de Dürer. Le foisonnement des figures humaines et animales, la multiplicité des détails, les changements d’échelle, les multiples sens de lecture, les messages et annotations mordantes telles des phylactères modernes nous entrainent dans des compositions de grands, très grands formats (150×330 cm pour La Plage, ou l’avant-dernière plage d’avant-dernier jour du monde) foisonnantes, précises et mordantes, alliant à un propos critique un trait d’une grande délicatesse.

 

©Nebojsa Bezanic, Courtesy Galerie Orbis Pictus

 

Avec jubilation, car Nebojsa préfère nous signifier avec humour et vigueur l’état et l’absurdité de notre monde contemporain, plutôt que de le dénoncer. « Sisyphe, prolétaire des dieux, impuissant et révolté connaît toute l’étendue de sa misérable condition ».

 

©Nebojsa Bezanic, Courtesy Galerie Orbis Pictus

 

C’est cette condition que Nebojsa peint. Tout le monde en « prend pour son grade » dans la peinture de Nebojsa. Japonais tueurs de baleines, prélats et politiques, marchants d’armes et pédophiles, détenteurs de la bonne conscience morale et politique.

 

©Nebojsa Bezanic, Courtesy Galerie Orbis Pictus

 

Pour Camus, le mythe de Sisyphe symbolise un monde inintelligible, dépourvu de sens et de Dieu, et Sisyphe est libre quand il réalise l’absurdité de sa condition. Il peur alors entrer dans la lutte, ou mieux dans l’acceptation. Nebojsa lui est entré dans la peinture et questionne le sens de la vie, mais aussi les notions de destin, de liberté, de conscience, d’effort, de lutte et d’espérance.

 

©Nebojsa Bezanic, Courtesy Galerie Orbis Pictus

 

Expositions

 

Nebojsa Bezanic a exposé à Barcelone, Bruxelles, Cacak, Luxembourg et Paris. Il a également participé à de nombreuses expositions de groupe en France et à l’étranger. L a reçu, deux fois le Prix Dragan Cirkovic, à l’occasion de l’exposition de la Société des artistes « Risim » à Cacak, en 1885 et 1989.  Ses œuvres figurent dans de nombreuses collections privées, notamment celle de l’Institut culturel Bernard Magrez, initiative privée de mécénat artistique, et celle d’Eric Van Vredenburgh. L’artiste est également présent dans la collection, permanente du musée de l’érotisme à Paris.  En 2013, Nebojsa a été lauréat du prix Claire Combes, décerné par la Fondation Taylor. Nebojsa réalise également d’importantes commandes pour de grands collectionneurs, ainsi que dans le cadre du mécénat.

 

©Nebojsa Bezanic, Courtesy Galerie Orbis Pictus

 

Visuel principal : ©Nebojsa Bezanic, Courtesy Galerie Orbis Pictus

 

Galerie Orbis Pictus