L’exposition Prédation de l’artiste Shaka à la Galerie Lazarew présente des œuvres étonnantes par la pluralité des techniques utilisées. Prolongée jusqu’à nouvel ordre, c’est une occasion supplémentaire de découvrir ses œuvres ou de les observer une deuxième fois.
/// Eléonore Blanc
Marchal Mithouard, plus connu sous le pseudonyme Shaka, est né à Clamart en 1975. Spontanément, il se dirige vers la peinture et étudie les arts plastiques à la Sorbonne. Shaka est un artiste pluridisciplinaire : son esthétique repose sur plusieurs médias tels que le graffiti, la photographie, la sculpture ou encore la sérigraphie. Pour cette exposition, l’artiste s’est inspiré de nombreuses problématiques actuelles (violence, solitude et effets de groupe) mais aussi des angoisses révélées dans nos sociétés contemporaines. Le nom de l’exposition est tiré de cet intérêt. En effet, la prédation est, dans un sens strict, l’activité des animaux prédateurs. Il s’agit d’une interaction entre deux êtres vivants dont l’un est prédateur et l’autre, proie. Mais à travers cette exposition, l’artiste désire illustrer les autres prédateurs qui sont multiples dans nos sociétés.
La définition est ouverte : l’interprétation est laissée libre au visiteur, qui, en observant les œuvres se construit sa propre définition de la prédation.
Predation #3 illustre un groupe de personnes qui semble courser une personne isolée, sans aucune identité. Nous ressentons une certaine tension face à l’œuvre, accentuée par son camaïeu de gris. La démarche de l’artiste est de révéler l’existence d’une opposition perpétuelle à la dynamique collective. Cette opposition est illustrée par le contraste entre teintes neutres et couleurs éclatantes.
Les œuvres présentées par la Galerie Lazarew explorent également l’anatomie du mouvement. Les corps sont fragmentés comme s’ils étaient filmés en plan-séquence. Avec « Faux Départ », l’artiste décompose le corps et les mouvements. Les visiteurs observent ainsi tout le mécanisme du mouvement de ce personnage. Ce dernier s’échappe de la toile pour rencontrer le visiteur. Les lignes ligamentaires sont mises en exergue par la décomposition anatomique.
Ses bas-reliefs sont composés de matières diverses (plexiglass, acier, miroir, bois, etc) puis réinterprétés dans une version numérique colorée au moyen de la caméra thermique. Infrarouge révèle toute la puissance musculaire d’un visage, mais également une certaine fragilité par la déliquescence des éléments.
D’une grande force émotionnelle, les œuvres de Shaka représentent une réalité déformée qui plonge le spectateur dans une observation accrue de ce qui l’entoure. L’artiste interroge les anxiétés induites par nos sociétés et questionne les comportements humains. La vivacité des mouvements est ainsi exacerbée et contraste avec la sculpture présentée dans l’exposition. Nous pouvons observer cette œuvre en acier, réalisée toute en finesse. Ses lamelles d’acier se reflètent sur le mur donnant l’impression de s’envoler.
Il y a ainsi deux appréhensions différentes du temps dans cet espace d’exposition : nous ressentons la vitesse des mouvements des corps humains représentés et nous éprouvons un arrêt du temps en observant la sculpture. Cette dualité interroge le visiteur sur la relation de son corps avec le rythme de la vie quotidienne : ce temps artificiel imposé par la société que nous devons ralentir.
Galerie Lazarew
- Adresse : 14 rue du Perche
- Code postal : 75003
- Ville : Paris
- Pays : France
- Tel : 01 44 61 28 73
- Site Internet : https://galerie-lazarew.com/