Rencontre avec David Guiraud, galeriste inspirant

Rencontre avec David Guiraud, galeriste inspirant

 

La Galerie David Guiraud est spécialisée dans la photographie du XXème siècle et propose une sélection de tirages originaux des grands maîtres modernes et contemporains. David Guiraud s’attache à présenter des oeuvres éclectiques afin d’ouvrir le regard des visiteurs vers d’autres horizons.

/// Eléonore Blanc

  1. Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

 

J’ai d’abord été pendant dix années marchand privé.  J’assistais des galeries américaines et européennes sur les grandes foires internationales dédiées à la photographie comme l’AIPAD à New York et Paris Photo. J’ai arrêté de travailler pour des galeries quand je me suis mis à mon compte et que j’ai ouvert ma propre galerie dans le Marais. J‘ai donc débuté à Paris avec une culture de la photographie plutôt américaine

La connaissance et la reconnaissance de la photographie sont américaine. C’est un groupe de marchands américains qui a véritablement développé le marché de la photographie, notamment en créant en 1979, l’AIPAD (Association of International Photography Art Dealer). Leur but est alors d’établir des standards professionnels et de diffuser, d’améliorer les connaissances et l’art de la photographie. Ils ont instauré un culte de la perfection du tirage et de la technique.

 

Stern, tirage argentique unique, 1962, signé ©David Guiraud

 

  1. Quelle est votre ligne artistique ? Comment la définissez-vous ?

 

Elle est éclectique. Ma ligne artistique se concentre sur la photographie du XXème siècle avec des tirages originaux d’artistes modernes mais aussi contemporains. Je présente aussi des œuvres du XIXème siècle.

Toutes les galeries de photos qui existent sont dans la photo contemporaine sauf trois ou quatre dont je fais partie. Si vous voulez trouver de la photographie ancienne et historique, c’est très difficile. Maintenant, ce type d’œuvres passe par les marchands privés. 

J’ai commencé comme un galeriste généraliste. Je me suis tournée vers la photographie du XXème siècle, instinctivement. Mais je déborde aussi sur le XIXème siècle lorsqu’il concerne des thèmes comme l’érotique, le scientifique, ou la photographie de voyage. Par exemple, les photographes voyageurs ont commencé tôt, dès les années 1860. Les voyageurs photographiques devaient avoir un équipement incroyable ! imaginez, tous les tirages jusqu’au début du XXeme siècle sont des contacts, c’est-à-dire que le négatif qui est à cette époque une plaque de verre, fait la même taille que le tirage positif sur papier. Il faut un appareil adéquat pour y installer la plaque. C’était donc de véritables expéditions.

 

  1. Comment sélectionnez -vous vos photographies ? Votre stock fluctue-t-il beaucoup ?

 

Ce que je recherche c’est un regard, une émotion, une composition…je recherche cela quand je sélectionne les photos. Quand je n’ai pas d’exposition particulière sur un thème ou un artiste, je fais souvent des accrochages représentatifs du fond de la galerie. J’accroche des œuvres de mon stock de photographies historiques de la fin du XIXème siècle et XXème siècle. Je représente quelques artistes contemporains, mais peu. J’ai aussi une activité de second marché, donc plutôt de marchand. J’achète les œuvres généralement ou on me les laisse en dépôts. J’essaie de stabiliser le profil de mon stock. Mais en fonction des opportunités, j’achète lorsque je vois des photographies merveilleuses. Les contours de mon stock évoluent : des noms s’ajoutent et s‘enlèvent.

 

  1. Quel est, selon vous, l’avantage du second marché ?

 

Lorsqu’on est sur le second marché, on a plus de possibilités mais on a aussi besoin constamment de liquidités. Cela donne quelques ressources car mon stock de photographies m’appartient et ce sont des artistes historiques qui ont déjà un nom. Il ne s’agit pas d’un artiste pour lequel je dois faire de nombreuses promotions afin de le faire connaître. Dans le second marché, le nom est connu et la côte relativement fixe.

 

  1. Avez-vous vous-même pratiqué la photographie ?

 

Non, pas particulièrement. J’aime le travail des photographes mais moins leurs préoccupations quand elles sont liées à la technique. Je veux qu’on me parle de tout à partir du moment où la photographie est tirée. Ce qui m’intéresse, c’est l’œuvre. Mais on ne peut pas se passer de la technique, il faut comprendre l’histoire de la technique si l’on veut comprendre l’histoire de la photographie.

 

  1. Quels sont vos projets actuels ?

 

Je prévois une exposition début octobre en considérant que tout va repartir à la normale. Au niveau des ventes, cela a été un peu ralenti ces derniers temps, évidemment. Mais il y a eu quand même du mouvement. Les collectionneurs me demandaient si j’avais encore tel type d’œuvres, de tel ou tel artiste. J’ai donc continué mon activité.

 

  1. Nous pouvons découvrir le travail du célèbre photographe Bert Stern immortalisant la dernière séance de Marilyn Monroe en 1962, mais aussi des nus masculins académiques du XIXème siècle. C’est très éclectique. Quelle est votre vision de la photographie du nu ?

 

Ma galerie représente quelques artistes contemporains et des artistes historiques : ce sont deux univers différents, deux pratiques. Quelques artistes au cours du XXème siècle font du nu masculin mais ce n’est souvent qu’une petite partie de leur travail, la plupart du temps, cachée. Mon objectif serait donc de réhabiliter ce type de production.

Par exemple l’illustrateur français Raymond Carrance (1921-1998) alias Czanara a réalisé de nombreuses photographies de nu masculin dans les années 1940 à 60. Ou encore, Raymond Voinquel (1912- 1994), le maitre de la photographie de cinéma dans les années 40 à 60, a produit une grande série de nu masculin, presque révolutionnaire pour l’époque. J’ai eu une idée d’exposition à son sujet, que je dois encore nourrir.

 

Arthur Tress, tirage argentique, c.1980 signé et numéroté ©David Guiraud

 

  1. Pouvez-vous nous exposer quelques artistes que vous représentez ?

 

Je représente le photographe Vincent Gouriou qui se concentre sur le rapport identité et corps, son travail est très subtil et délicat. Le photojournaliste John Bulmer, pionner de la photographie en couleur en Angleterre, a travaillé pour le Sunday Time sur le thème des transformations sociales, des changements industriels, convoquant son regard sur les régions minières … Il a un regard social et humain sur les gens qu’il prend en photo.

J’ai aussi toujours représenté Bert Stern et la dernière séance de photo de Marilyn Monroe, devenue iconique car elle est décédée quelques semaines après.

On m’a confié la collection Texbraun sur le baron Von Gloeden, ce sont de belles images, sur papiers albuminés, autour du masculin, des vues intérieures et extérieures, mais également du portrait. J’ai d’ailleurs réalisé un petit catalogue de cette riche collection.

En ce moment, j’ai aussi une importante collection de photographies de Jan Saudek, dont une photographie hallucinante par son format immense.

 

Goriou, Tirage numérique, 2017, signé et numéroté ©David Guiraud

 

  1. Quel votre rapport avec la photographie contemporaine ?

 

Je fais ma niche dans le contemporain en trouvant des œuvres épuisées en galerie, afin de proposer à mes clients des pièces d’artistes que je ne représente pas, comme Nan Goldin. Je cherche des images qui me semblent emblématiques de l’œuvre d’un artiste, ou représentatives d’une époque. Des œuvres sans doute décoratives mais assurément artistiques. Comme vous pouvez le voir, j’ai donc beaucoup de photographies très différentes, depuis le XIXème siècle jusqu’aux années 2000 !

 

Nan Goldin, French Chris at the drive in, tirage Cibachrome, 1978, signé et numéroté ©David Guiraud
 
 

 

 

 

 

 

 

Galerie David Guiraud

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