Sabine Pigalle esthétise la vanité de Joris-Karl Huysmans

La Galerie Odile Ouizman donne carte blanche à l’artiste Sabine Pigalle pour créer un catalogue autour de l’univers romanesque du « À rebours » de Joris-Karl Huysmans. La plasticienne française retranscrit l’oisiveté, l’excentricité et le caractère sulfureux de cette œuvre littéraire qui fait la part belle à l’anti-héros. « Conte à rebours » est à retrouver jusqu’au 15 janvier 2022.

/// Quentin Didier

 

En pleine période du naturalisme littéraire, l’auteur français Joris-Karl Huysmans rompt totalement avec l’époque avec un roman qui se réduit à la plus simple expression de la vanité de la vie. Son personnage principal, Jean des Esseintes, se retire dans sa demeure en région parisienne et réfugie son esprit dans un univers phantasmagorique où il liste les plaisirs et déplaisirs qu’il a expérimenté lors d’une vie faite d’excès.

La photographe Sabine Pigalle s’inspire de cette atmosphère enivrante qui se dégage du récit pour composer un parcours intimiste. L’exposition qu’elle réalise puise dans la peinture classique mais avec une approche contemporaine issue de la photographie. L’artiste crée en effet des pièces singulières à la dimension protéiforme, accompagnées par de poétiques passages du texte d’Huysmans. On découvre alors de multiples portraits, des portraits morcelés par la pratique artistique originale de Sabine Pigalle. Les visages présents sont brisés par le découpage, par la surimpression, et semblent subtilement se dérober au monde réel.

 

 

Conte à rebours nous plonge aisément dans l’onirisme qui parcourt l’œuvre de Joris-Karl Huysmans. La plasticienne joue avec les ombres et les couleurs avec de puissants contrastes. L’atmosphère extrêmement bien posée par son travail est encore plus soulignée par la mise en scène de la Galerie Odile Ouizman éclairée à la bougie pour l’occasion. La dimension fantastique d’À rebours inspira Oscar Wilde pour Le portrait de Dorian Gray, dandy dont on semble distinguer les traits dans l’œuvre Tartan Delacroix de Sabine Pigalle.

 

 

Cette dernière retranscrit à merveille l’excentricité et la vanité qui se dégage du texte d’Huysmans. Elle compose une esthétique aux accents sombre qui interroge notre rapport au corps, au fantasme et à l’hédonisme. L’exposition Conte à rebours questionne le plaisir et le déplaisir ancrés dans ce roman mythique du 19^ème siècle.