L’oeuvre de Sébastien Mehal nous parle de la condition humaine moderne dans l’espace urbain contemporain. Une thématique qui a souvent nourri les projets immobiliers antérieurement menés par Hanna Ouaziz. En octobre, la galerie Téodora donne carte blanche à l’artiste qui, avec Anna Sansom comme co-commissaire d’exposition, en offre l’expression conceptuelle, à travers une série de monochromes…
/// Emma Noyant
Au siècle de la cadence infernale comme depuis toujours, la ville est un laboratoire social, donnant à voir le bien et le mal de la nature humaine. La cité, à la fois créée pour regrouper les hommes, développer leur savoir-vivre et les protéger des catastrophes naturelles, est aussi le lieu de l’agressivité due aux problèmes de partage de l’espace. Elle inspire alors un double mouvement d’attraction et de répulsion. C’est cette dualité qu’exprime l’œuvre de Sébastien Mehal.
D’une part, il y a la violence de la manière, l’emploi de seringues donnant un effet de jaillissement incontrôlé, incisif à l’œuvre, et exprimant l’oppression des êtres perdus dans cette urbanisation effrénée. De l’autre, l’infini de la couleur, le sentiment de plénitude et d’apaisement exhalé par le monochrome. « Le suprématisme est le sémaphore de la couleur dans l’illimité », disait Malévitch, et les surfaces de couleurs pures de Mehal y font écho. Tout comme les suprématistes cherchaient à traduire l’infini de l’espace dans leurs lignes droites et angles droits, Mehal a des compositions rythmées, toutes en verticales et horizontales.
Mais cette esthétique n’est pas dépourvue de sujet identifiable : les sérigraphies de portraits inscrits en transparence sur la toile le rapprochent de la figuration, tout autant qu’elles soulèvent la question l’anonymat de l’individu dans la grande ville. Ce rapport aigu à l’urbanité se traduit aussi par le recours à des matériaux industriels, avec entre autres une peinture constituée de pigments de l’industrie automobile ou des structures graphiques en aluminium évoquant les échafaudages.
Voyageur passionné né en Martinique, Sébastien Mehal parcourt les continents à la rencontre des hommes et des femmes qui lui inspirent son œuvre. Il évolue au cœur de la frénésie moderne afin de prendre le pouls de la réalité contemporaine. Architecte de formation, ses œuvres présentées à la galerie Teodora sont réalisées à partir de dessins d’architecture mélangeant plusieurs villes. Le Canada, Tokyo, New York ou Paris s’y amalgament en un tout, fruit de l’imaginaire. Un métissage des villes qui fait écho au métissage de ses portraits sérigraphiés, à la fois semblables et singuliers, nous invitant à regarder l’homme dans son universalité et non plus selon cette tendance particulière de l’humanité au territorialisme…
Galerie Teodora
- Adresse : 25 rue de Penthièvre
- Code postal : 75008
- Ville : Paris
- Pays : France
- Tel : 01 77 17 28 45
- Site Internet : www.teodora.fr
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