Voyage dans les paysages expressionnistes de Gilbert Pecoud

Jusqu’au 13 novembre, la Galerie Estades de Lyon accueille le peintre français et ses jeux d’ombres et de lumières caractéristiques, digne héritier de la peinture moderne européenne.

/// Quentin Didier

La Galerie de Michel Estades dévoue son travail de curation aux artistes locaux de son agglomération lyonnaise. Né dans l’Isère, Gilbert Pecoud apprend l’art de la peinture par ses propres moyens en démarrant notamment sa carrière dans la restauration de tableaux au Musée Saint-Pierre de Lyon et au Musée du Louvre. Autodidacte, il met à dispositions ses talents en premier à ces deux musées et commence peu à peu à exposer.

Gilbert Pecoud développe une œuvre expressionniste intense, avec quelques notes de douceurs, réagissant et à la fois empruntant à l’impressionnisme. Il présente cependant ses sujets sous un prisme déformant, où les traits et les couleurs se mettent à inspirer des visions sobrement délirantes.

 

Le trouble visuel tend ici vers le pessimisme, avec une aura particulièrement froide qui se dégage de ses tableaux. Sa représentation de l’intérieur d’un café dévoile des visages brisés au regard absent. Gilbert Pecoud semble ici réaliser un triste constat de la société, un constat propre à la période de l’expansion de l’expressionnisme dans les années 20. Mais on s’interroge alors, replongeons-nous dans une période de crise similaire ?

 

Les paysages représentés par le peintre n’inspirent pas beaucoup plus d’optimisme. Le rapport clair-obscur balance en faveur de l’ombre où un simple coucher de soleil plonge en réalité la ville dans de réelles ténèbres.  Le monde ici présent revêt des allures gothiques particulièrement sublimes, faisant de la noirceur une dure norme. La présence de traits abstraits peut symboliser l’uniformisation et l’aliénation, toutes deux inhérentes à notre époque.

 

L’importance du travail de Gilbert Pecoud s’articule toujours autour de la charge expressive de ses œuvres, qui se doit d’être la plus importante possible selon ses dires. L’artiste voit cependant dans ses sombres représentations, une source de lumière : « Les rayons lumineux invisibles à l’œil nu sont pour moi la source de ma peinture » (Gilbert Pecoud). C’est irrémédiablement dans l’ombre que la lumière prend forme, le style expressionniste du peintre pourrait donc renfermer un potentiel espoir en l’humanité.