Suzanne Tarasiève : portrait d’une galeriste passionnante et passionnée

Suzanne Tarasiève : portrait d’une galeriste passionnante et passionnée
« Il faut se libérer pour aimer l’art »

Suzanne Tarasiève a fêté en 2018 ses 40 ans de carrière comme galeriste.

A Barbizon, en 1978 où elle est restée 25 ans et a montré Pincemin, César, Volti, Combas, Christian Bonnefoi etc…, puis dans sa galerie du 3e arrondissement, qui accueille les néo expressionnistes allemands, Immendorf, Penck,Baselitz, Lupertz ou Polke. Suzanne Tarasiève montre aussi la jeune scène artistique française avec des artistes comme Romain Bernini,Youcef Korichi, Jean Bedez, Eva Jospin et le jeune franco-grec Alkis  Boutlis. Son espace dans le 19e arrondissement, Le Loft accueille ses artistes en résidence. Portrait de la passionnante et passionnée galeriste Suzanne Tarasiève.

Elle parle vite et avec passion, vous regarde droit dans les yeux avec un grand sourire : « faire la gueule, c’est très difficile pour moi !». Elle se lève toutes les cinq minutes pour vous montrer des images : « si vous aimez ça, alors vous devez voir ça, et si vous n’aimez pas, ce n’est pas grave, vous aimerez plus tard », voilà à quoi peut ressembler une rencontre avec Suzanne Tarasiève. « Quand on me dit être passé à la galerie et ne pas avoir voulu me déranger, je réponds que j’aime qu’on me dérange ».

/// Stéphane Gautier

1. Suzanne vous vous êtes prêtez à l’objectif du grand photographe allemand Juergen Teller dans plusieurs séries de photos…

J’étais à Hydra avec Juergen, il devait faire un shooting mannequin pour Vogue, et me dit de venir. Je me suis retrouvée devant l’objectif mais parce que c’était lui, parce que c’était moi, j’ai dit oui. Mais rien n’était préparé. J’ai fait ce que je voulais comme je l’ai voulu, exactement comme j’en avais envie, et il y a eu une complicité instinctive entre lui et moi. Me faire photographier par Juergen a été très libérateur, c’était une performance psychanalytique, une expérience géniale. C’est un photographe extraordinaire, son travail va bien au-delà de la mode, il photographie des extraits de vie. Il veut que le modèle s’oublie, mannequin ou pas. Quelque part je suis mannequin tardif ! Il apprécie la sincérité et je vis ma vérité. Je suis nature.

2. Ce travail à deux révèle une grande complicité ?

Quand un artiste m’intéresse, c’est une mission de ne pas lâcher. Depuis 2004 je voulais travailler avec Juergen, et je suivais toutes ses expositions, mais il m’intimidait. C’est un autre grand photographe Boris Mikhaïlov, avec qui je travaille depuis longtemps qui un jour m’a dit que Juergen voulait lui aussi travailler avec moi. Tout est une question de rencontres, et je crois aux rencontres. Le hasard est un mot qu’on a inventé.

3. Pouvez-vous nous raconter votre première rencontre avec l’art ?

A l’âge de 11ans on m’a offert trois petits livres sur la peinture. Jérôme Bosch, Edvard Munch et Ludwig Kirchner, trois peintres qui ont constitué chez moi les éléments d’une esthétique forte, une esthétique qui m’a emmenée vers les Allemands. Dans les années 80 «la manière française » ne me satisfaisait pas. C’était la période ou aux Beaux-Arts on interdisait le dessin et la peinture, et sans être académique je crois qu’il faut passer par des choses vraies. Le dessin et la peinture en font partie, ce sont de vraies valeurs. J’ai un grand respect pour le travail, je crois au talent mais le talent sans travail, le temps en a vite raison.

4. Décrivez-nous votre travail de galeriste ?

Ça ne s’apprend pas à l’école. Quand on est galeriste il faut savoir tout faire, c’est un métier d’aventurier. Je vis avec les œuvres. Il faut tellement de temps pour découvrir les choses. Tous les jours je veux apprendre quelque chose de nouveau. Je vais sur le terrain. Les livres c’est bien, mais il faut aller voir en vrai, il faut regarder et toucher les sculptures, et chez moi on peut toucher les sculptures. Pour moi, le plaisir de la recherche, le temps de l’échange, le questionnement sur l’œuvre sont indissociables de l’espace de la galerie.

Une galerie ça ne se fait pas tout seul, c’est aussi une équipe, et j’ai une totale confiance dans les gens avec qui je travaille. L’énergie positive ça se multiplie quand on est bien entourée.

5. Si vous n’aviez pas été galeriste quel métier auriez-vous fait ?

J’aurais aimé être médecin chercheur. Je suis passionnée par le fonctionnement du cerveau et par la manière dont on l’utilise. Les « vrais » artistes font fonctionner une partie du cerveau que les autres laissent en jachère. Aider les autres est très important pour moi, et à chaque anniversaire de la galerie j’organise une vente caritative d’œuvres d’art dont les fonds sont versés à la recherche sur le cerveau. J’aime la nature humaine.

6. Ou allez- vous pour vous ressourcer ?

Je vais au musée. Aller au musée c’est comme boire de l’eau de source.

J’adore le Centre Pompidou. J’y aime la lumière, l’ouverture sur Paris. C’est pour moi un lieu de liberté. Je me souviens avoir vécu l’inauguration de Beaubourg comme une deuxième naissance.

7. Suzanne, pour vous c’est quoi l’important ?

Pour moi l’important c’est l’humain.

« Aller au musée c’est comme boire de l’eau de source. »

Galerie Suzanne Tarasiève

  • Adresse : 7 rue Pastourelle
  • Code postal : 75003
  • Ville : Paris
  • Pays : France
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Galerie Suzanne Tarasiève

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