Des peintures à la matérialité aqueuse

Pour sa première exposition à la Galerie Odile Ouizeman du 17 mars au 30 avril, Alexandre Carin présente une série de peintures qui semblent fondre sous nos yeux. L’artiste nomme ce projet selon un film de Marguerite Duras, Son nom de Venise, de par l’idée de mouvement et la forme de narration induite par cette matérialité unique.

 

/// Quentin DIDIER

Ce sont en premiers lieux les sciences physiques qui intéressent particulièrement Alexandre Carin et qui vont définir son approche philosophique, esthétique, et artistique. L’organisation du temps et de l’espace, et leur induction du principe de mouvement, composent la matérialité particulière que souhaite retranscrire l’artiste. A la manière de Marguerite Dumas qui rompt les principes narratifs et formels au cinéma, Alexandre Carin pense la peinture autrement – loin du caractère assez fixe qu’on lui attribue communément.

Le procédé chimique de liquéfaction, passage d’un corps gazeux à l’état liquide, est le motif principal de cette série picturale où la matière apparait débordante et coulant sur la toile. Les traits n’y sont pas totalement définissables et identifiables, se rapprochant plus de formes floues. Alexandre Carin travaille en effet particulièrement sur les différentes perceptions possibles dans l’espace et dans le temps. Il y a pour lui beaucoup à contempler en dehors du monde solide, et c’est bien tout ce reste qu’il cherche à nous présenter ici. Alors on s’interroge sur les éléments qui apparaissent et disparaissent à de multiples reprises dans un même cadre étrange et irréel.

 

 

L’état liquide donne à appréhender une temporalité nouvelle, une temporalité qu’expérimente depuis quelques temps l’artiste-peintre. Il induit une narration dans ses œuvres où l’invisible peut devenir visible et tangible dans un monde à la matérialité anormalement esthétique.

 

 

Visuel de couverture : Liquéfaction XIX – 137 x 106cm – ©Alexandre Carin