Formé au sein de grandes maisons de vente, d’une galerie parisienne de renom et d’un cabinet de conseil aux collectionneurs, Antoine Clavé a exploré toutes les facettes du marché de l’art avant de tracer sa propre voie. Il fonde Clavé Fine Art dans le 14e arrondissement de Paris, une galerie à son image, alliant rigueur curatoriale et regard contemporain.
/// Astrid Vialaron
Pouvez-vous nous parler de votre galerie, Clavé Fine Art ?
Pour la petite histoire, l’espace existait déjà tel qu’il est avant même l’ouverture de la galerie, puisqu’il s’agit de l’ancien atelier de César. Le lieu accueille encore aujourd’hui les archives Antoni Clavé, et depuis 2021, j’ai choisi d’en faire également la galerie Clavé Fine Art. La galerie a été créée il y a maintenant quatre ans, avec une ligne qui mêle art moderne et art contemporain.
Sacha Floch Poliakoff (artiste actuellement exposée à la galerie) fait partie des artistes les plus jeunes que nous accompagnons, mais nous travaillons également avec des artistes plus établis. C’est ce dialogue entre générations qui nous intéresse, nous organisons d’ailleurs aussi bien des expositions personnelles que des accrochages collectifs.
La galerie a été habitée par des expositions d’artistes aux styles et influences variés. Quels sont les critères que vous utilisez pour sélectionner les artistes que vous représentez ?
Le choix des expositions repose avant tout sur un goût personnel. Je passe une grande partie de mon temps à visiter des ateliers, à rencontrer des artistes, à découvrir des univers. Aussi chaque exposition que nous programmons s’inscrit dans un fil rouge cohérent, une vision curatoriale que nous construisons au fil des années.
Nous aimons particulièrement lorsque l’exposition crée un lien fort avec le lieu qui l’accueille. La galerie Clavé Fine Art s’inscrit dans une histoire particulière, elle occupe un ancien atelier d’artiste, et ce passé résonne avec notre travail actuel. Quand je prépare une exposition avec un artiste vivant, je tiens à ce qu’il vienne voir le lieu en amont. Cela permet d’imaginer des œuvres en dialogue direct avec l’espace, et de créer des ponts entre art, architecture et design. C’est aussi une manière de faire écho à l’histoire du quartier : Montparnasse et le 14e arrondissement.
Qu’est ce qui a attiré votre attention dans le travail de Sacha Floch Poliakoff, déjà en 2023, lorsque vous avez accueilli une première fois ses œuvres dans le cadre d’ une exposition personnelle ?
J’ai connu l’artiste bien avant l’ouverture de la galerie, à l’époque où elle était encore étudiante aux Beaux-Arts, je suivais déjà son travail. À la fois peintre et illustratrice, elle réalisait déjà des commandes alors qu’elle était encore étudiante. Naturellement, lorsque j’ai ouvert Clavé Fine Art, elle faisait partie des artistes que je souhaitais programmer. Cela nous a naturellement amenés à organiser sa première exposition personnelle en 2023 à la galerie. Cette nouvelle exposition en 2025 s’inscrit dans la continuité de cette collaboration.
Qu’est ce qui a changé depuis cette première exposition en 2023 ?
Pour ce premier solo show en 2023, une grande variété de techniques étaient exposées (collage, crayon, aquarelle).
Alors que pour cette nouvelle exposition en 2025, on a choisi de recentrer l’exposition sur son travail de peinture, il y a un réel focus sur la technique de l’encre sur papier. C’est aussi la première fois que Sacha présente une œuvre d’un tel format, une grande fresque qui a constitué le point de départ de l’exposition. Elle a construit autour de cette pièce centrale une série de travaux sur papier, avec un focus très fort sur le noir – un noir dense, expressif – qui contraste avec la vivacité pop de sa palette. Entre les deux expositions, Sacha a beaucoup évolué dans son parcours, elle a connu de très belles actualités, tel que l’entrée d’une de ses œuvres dans la collection Société Générale, ou encore lors des Jeux Olympiques, où ses vases-trophées ont été remis aux champions français.
Ses œuvres mêlent une grande variété d’inspirations. Comment décririez-vous son style en quelques mots ?
Son style a d’abord un côté profondément personnel dans ses inspirations. Dans cette série en particulier, on sent qu’elle revient à des souvenirs, des scènes, des personnes qu’elle connaît. Il y a une dimension autobiographique très forte. Mais son travail est également nourri d’un dialogue constant avec l’histoire de l’art. Elle puise aussi bien chez les grands maîtres italiens comme Caravage, que dans le pop-art, avec des références assumées à Warhol, à l’esthétique de la reproduction en série. Elle regarde autant les figures historiques que ses contemporains, et son entourage direct joue aussi un rôle. Il faut dire que Sacha est issue d’une famille profondément ancrée dans l’histoire de l’art – son grand-père était lui-même une figure importante. Ses origines, à la fois russes et anglaises, transparaissent aussi visuellement dans ses œuvres, dans les choix symboliques, les références culturelles.
Vous réalisez aussi fréquemment des expositions hors les murs, en France comme à l’étranger, d’où vient cette envie ?
La plus récente en date est l’exposition en collaboration avec La Collection, marque de mode. On aime casser les barrières entre les disciplines — design, textile, mode — et créer de vrais dialogues entre les pratiques. C’est quelque chose qui fait partie de l’ADN de la galerie : construire des ponts entre différents univers, et sortir d’une lecture strictement cloisonnée des arts visuels.
La curation des expositions reste toujours un point central pour moi : le choix des œuvres, des artistes, le sens que prend l’ensemble dans un lieu donné, et faire que les expositions prennent réellement sens.
Quels sont les futurs projets dans votre galerie et hors les murs ?
L’exposition de Sacha se termine le 7 juin, et nous enchaînons ensuite avec une dernière exposition avant la fermeture estivale : une présentation de Joan Punyet. Il s’agira d’une toute nouvelle série de l’artiste, composée de grands formats monochromes. L’idée est de venir casser le côté très épuré, presque zen, de l’espace en y apportant des couleurs intenses, très vibrantes.
Enfin, début juillet, nous participerons également au salon de Monte-Carlo, qui est un peu la “sœur estivale” d’Art Genève.

Galerie Clavé Fine Art
- Adresse : 10 bis rue Roger
- Code postal : 75014
- Ville : Paris
- Pays : France
- Site Internet : https://www.clavefineart.com/