L’artiste Margaux Derhy, s’inspire de l’art ancestral de la broderie au fil de l’exposition collective D’une rive à l’autre, à la galerie Artybox à Casablanca. C’est aux côtés de brodeuses marocaines qu’elle a signé des œuvres inscrites dans la couleur, réalisées sur le tissu. Pensé par le curateur Achraf Remok, le duo show entre Margaux Derhy et l’artiste Ayoub Amrani se tient jusqu’au 30 juillet prochain.
/Propos recueillis par Nadège Besnard-Roussel
Comment êtes-vous devenue artiste, qu’est-ce qui a fait naître cette vocation en vous ?
Les récits familiaux, les souvenirs transmis et les espaces vides laissés par les absents ont suscité en moi le désir de créer des œuvres qui racontent des histoires. Mon parcours artistique a été influencé tour à tour, par ma résidence en Afrique du Sud à Cape Town, mes études à Central Saint Martins et au Royal College of Art : où j’ai pu développer une pratique expérimentale combinant la peinture, la broderie et d’autres disciplines.
Décririez-vous votre art comme engagé et féminin ?
Sans aucun doute ! Mon travail explore les facettes de la pluri-identité et donne voix aux liens familiaux, à l’héritage culturel et à la transmission. Ma pratique artistique mêle avec tendresse, peinture, broderie à la main et céramique, créant ainsi un langage visuel empreint de sensibilité et d’émancipation.
Comment est née l’exposition D’une rive à l’autre au sein de laquelle vous ravivez l’art de la broderie ?
L’exposition « D’une rive à l’autre » a éclos d’un profond désir de renouer avec mes racines marocaines. Elle est le reflet de ma volonté de réveiller l’art ancestral de la broderie, en lui offrant une nouvelle vie tout en lui insufflant une poésie contemporaine. Les œuvres, créées avec amour en collaboration avec les femmes du village de Massa au Maroc, fusionnent traditions intemporelles et expressions artistiques modernes.
Vous avez présenté ce duo show en présence des brodeuses à la galerie Artybox le 13 juin dernier, un moment chargé de densité humaine… Comment ont-elles accueilli l’idée de créer à vos côtés ?
Les femmes du village de Massa ont accueilli avec joie l’opportunité de créer à mes côtés pour cette exposition. Leur engagement et leur talent naissant se reflètent dans chaque broderie, témoignant de notre collaboration inspirante et de notre volonté commune de préserver les traditions tout en explorant de nouvelles voies artistiques.
Que vous inspire l’évolution de votre pratique artistique ?
L’évolution de ma pratique artistique m’inspire constamment à repousser les limites, à rester curieuse et à embrasser le changement. C’est un voyage de découvertes qui me nourrit en tant qu’artiste et me pousse à aller au-delà de mes propres limites créatives.
Quelle est la genèse du Cercle de l’Art dont vous êtes la fondatrice ?
Le Cercle de l’Art est né de mon désir sincère de créer une communauté artistique solidaire. En tant que fondatrice, je tente de penser un espace où l’entraide et la stabilité économique se rencontrent : l’objectif tient au fait que les artistes se constituent par la vente de leurs œuvres un revenu mensuel. Nous sommes actuellement cent artistes féminines à participer à cette aventure.
Quels sont les artistes classiques et contemporains qui vous inspirent ?
Louise Bourgeois est une artiste presque classique qui m’a profondément influencée. Son exploration de l’inconscient, de la mémoire et des émotions à travers des sculptures évocatrices est tout simplement incroyable. Son travail puissant et intime a ouvert en moi de nouvelles perspectives. En ce qui concerne les artistes contemporains, je suis également inspirée par des artistes tels que Njideka Akunyili Crosby, Phoebe Boswell, Tschabalala Self, Marie-Claire Messouma Manlanbien et bien d’autres notamment des artistes de la scène africaine. Leurs approches novatrices, leurs thèmes socio- politiques, ainsi que leur contribution à la diversité artistique en travaillant différents médiums, ont un impact profond sur ma pratique
Potrait de l’artiste crédité par : Céleste Leeuwenburg