A l’occasion de la 76ème édition du salon Réalités Nouvelles qui s’est tenu du 20 au 23 octobre 2022 à Paris, l’Officiel des Galeries & Musées a décidé de remettre son prix ex æquo à l’artiste Yanis Khannoussi présenté dans la section artistes émergents, et à l’artiste Celia Middlemiss. Deux visions de l’abstraction, « conceptuelle » pour l’œuvre de Yanis Khannoussi, « lyrique » pour celle de Celia Middlemiss.
/// Stéphane Gautier
Né en 1996 et diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2021, Yanis Khannoussi a présenté au Salon réalités Nouvelles une œuvre « comme un ovni ». Un cube d’un format de 100X100X100 d’une surface sans densité ni matière comme détaché du mur, du sol et presque en lévitation dans un geste de dématérialisation de l’acte de peindre permettant de « désancrer la pièce du réel », dépassant ainsi un état de matière.
Fabricant ses propres supports afin, nous dit-il, de « s’octroyer la possibilité d’éloigner la peinture du mur, de la faire advenir dans l’espace, et plus encore, de tenter de donner forme à la couleur en lui donnant volume », Yanis Khannoussi travaille au pistolet pneumatique, supprimant ainsi toute trace d’application d’une couche picturale. Il en résulte des œuvres de formes cubiques ou ovoïdes, aux teintes irisées. Le titre même donné à l’œuvre Objet monolithique illustre bien le rapport que l’artiste tente d’instaurer entre couleur et support, « donner forme à la couleur en lui donnant du volume », « que le support soit au service de la couleur pour qu’il devienne finalement objet à son tour ». Dans un jeu de va-et-vient entre couleurs et formes l’artiste nous amène à reconsidérer ce qu’il nous donne à voir, une œuvre « désancrée du réel ». L’abstraction vue par Yanis Khannoussi peut être qualifiée « d’abstraction conceptuelle ».
L’abstraction vue par Celia Middlemiss, prix ex æquo avec Yanis Khannoussi, est toute différente. Elle est indiscutablement lyrique et plus ancrée dans l’histoire de l’art.
Née en 1948, d’origine britannique, Celia Middlemiss se forme en peinture (1986) et en sculpture (1975) à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Celia Middlemiss pourrait reprendre à son compte la citation de Mondrian : « Je construis des lignes et des combinaisons de couleurs sur des surfaces planes afin d’exprimer, avec la plus grande conscience, la beauté générale. » Élaborant elle-même ses couleurs puis les posant dans une stricte géométrie soit sur toute la surface de la toile, soit cloisonnées, ici dans une forme triangulaire, son langage est celui de la lumière et de ses vibrations, ses variations. Il y a à la fois quelque chose de mystique et d’une grande fraîcheur dans la peinture de Celia Middlemiss, une dame qui peint comme une jeune fille.
Alors que le travail de Yanis Khannoussi nous invite au questionnement, celui de Celia Middlemiss nous incite à la contemplation. Deux artistes, deux générations, deux manières d’envisager l’abstraction, réunis au Salon Réalités Nouvelles.
A suivre…
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