A l’occasion de la 75 ème édition du Salon Réalités Nouvelles consacré à la promotion de la peinture abstraite, et qui cette année a eu lieu au Réfectoire des Cordeliers et à l’Espace Comminnes à Paris, du 22 au 24 octobre, l’Officiel des Galeries & Musées a retenu comme lauréate de son prix l’artiste Pola Carmen.
/// Stéphane Gautier
D’une apparente simplicité le travail de Pola Carmen est beaucoup plus qu’une juxtaposition de verticales et horizontales pour former une grille sur l’espace de la toile laissée vierge. C’est un travail d’équilibre, tout en nuances ou l’harmonie du tracé prend toute son importance. « Mettre deux traits côte à côte, pour moi c’est le summum » nous confie Pola Carmen. Ainsi apparaît sur la toile tout un réseau d’horizontales et de verticales qui semblent comme vibrantes. Selon l’accentuation plus ou moins légère du trait, l’harmonie se fait, la trame se tisse, et l’œuvre devient hypnotique.
Pourtant, Pola Carmen, n’est pas une Pénélope qui tisserai sa toile pour nous retenir captifs, bien au contraire, elle nous invite à aller au-delà du trait, à voir derrière ce qui s’y passe, en variant la densité de ses lignes. Parfois une trouée se fait, un écart dans le tracé apparaît, et la ligne devient dansante. Son propos, c’est celui de l’harmonie du tracé, du juste espace entre deux lignes, de la correspondance des verticales et horizontales unies dans un même vibrato. Plus ou moins tendues ou lâches, les lignes de Pola Carmen sont comme les cordes d’un instrument de musique qui nous entrainent dans de multiples variations et résonnent à nos yeux. Le travail de Pola Carmen est un travail sur la justesse, sur le geste primordial du dessin qu’est celui de poser un trait. Un trait efficace, vrai.