S’envoler vers le ciel, à la recherche de la Sîmorgh

S’envoler vers le ciel, à la recherche de la Sîmorgh

Grand classique de la littérature persanophone, Le Cantique des oiseaux est un masnavî – poème composé de distiques en vers à rime plate – narrant le périple de milliers d’espèces d’oiseaux à la recherche de la Sîmorgh, « pure Essence de l’Oiseau souverain » (distique 4284).

/// Mathilde Mascolo

Pour arriver au bout de ce fastidieux voyage, les oiseaux prennent pour guide la huppe, oiseau salomonique par excellence et conteuse d’histoires.

C’est ainsi qu’en survolant les sept vallées représentant les sept étapes spirituelles, la huppe encourage ses compagnons et leur montre le comportement à adopter grâce à ses récits.

L’auteur du Cantique, Farîd od-dîn ‘Attâr, thérapeute de l’âme et maitre spirituel, est le premier poète à avoir utilisé les genres poétiques pour exprimer les idées spirituelles persanes, ou pour reprendre ses termes, « exprimer l’inexprimable ».

Ce texte du XIIe siècle nourrit un cheminement personnel auquel chacun peut s’identifier aujourd’hui et propose les clefs pour atteindre un état d’épanouissement spirituel. Attâr va insister sur le chiffre 7, chiffre sacré, jour du repos du divin après la création du monde : c’est à ce moment précis où l’on se retrouve, où l’on rejoint le Tout. Les oiseaux, reflets des Hommes, ne parviennent alors pas tous à atteindre leur but. Certains se perdent, d’autres font demi-tour.

Qui veut réfléchir et rêver se plongera dans cet ouvrage, illustré par 207 miniatures persanes, turques, pakistanaises, afghanes.. trouvées dans les musées et collections privées par les équipes de Diane de Selliers.

La traductrice Leili Anvar citait notamment durant son interview dans l’émission de Jean-Pierre Elkabbach « Bibliothèque Médicis » de 2012 une image particulièrement émouvante d’une des Dame de Beauté réalisée vers 1565, trouvée au musée de Hérat et aujourd’hui disparue. De cette œuvre ne reste que cette image.

« Donne donc à l’oiseau de la nombre ambition

Les ailes enchantées du désir et du sens

Du coeur à la raison et à l’âme l’ivresse »

 – Antâr, S’envoler vers le ciel, distiques 2659 à 2661 –

Le Cantique des Oiseaux. Farîd od-dîn ‘Attâr. Trad. Leili Anvar. Édition Diane de Selliers – 65 €