Une icône intemporelle au Palais Galliera

La Casa Azul était une maison sans la moindre ressemblance avec une autre : décorée du sol au plafond « à la mexicaine » pour rendre hommage à leurs origines, elle comportait nombreux objets référant à l’art populaire, des sculptures préhispaniques et des peintures votives dont plusieurs sont visibles dans l’exposition. Une d’entre elle représente un homme se faisant percuter par une voiture, reflétant la marque du traumatisme de Frida Kahlo toujours vivace en elle. Finalement, cette maison si atypique était devenue une sorte de lieu culturel qui attirait intellectuels et personnalités incontournables telles que Léon Trotski et André Breton.

La section suivante présente sa période aux Etats-Unis, voyage qu’elle entreprit pour accompagner son mari, Diego Rivera, un célèbre artiste urbain. Ils séjournent notamment à San Francisco, New York et Détroit, et c’est là-bas qu’elle façonne son style « Tehuana » si singulier, et commence à peindre plus sérieusement. Elle est par la suite invitée par André Breton à exposer son travail à Paris, mais l’exposition ne verra jamais le jour. Elle participe tout de même à une exposition collective thématisée sur le Mexique à la Galerie Renou et Colle. Elle y fréquente les surréalistes parisiens, qui accueillent chaleureusement ses œuvres.

Une autre pièce met en avant les handicaps qui ont marqué sa vie à la suite de l’accident de bus. Elle était contrainte de porter des corsets et d’autres appareils médicaux, qu’elle décorait de peinture et transformait en œuvres d’art. Ceux-ci sont présentés dans l’exposition aux côtés de peintures mettant en exergue les faiblesses de son corps, comme le motif de la colonne vertébrale cassée qui revient régulièrement dans son travail. Elle a ainsi toujours conservé le contrôle de son image, en révélant et dissimulant à la fois ses handicaps et ses capacités exceptionnelles.

La dernière partie de l’exposition crée un dialogue entre les œuvres de l’artiste mexicaine avec ses tenues vestimentaires qui ont contribuées à l’élaboration de l’icône culturelle qu’elle est devenue. Ses fameux autoportraits colorés entourent les blouses brodées et les jupes longues traditionnelles de la culture matriarcale de Tehuantepec, démontrant l’apparence originale et audacieuse de Frida Kahlo. Le parcours se termine avec une tenue de Jean Paul Gaultier, encrant l’œuvre unique et transgressive de l’artiste dans la modernité.