Sûrement, si elle n’avait pas été artiste plasticienne, Emma Lapassouze aurait pu être physicienne tant elle s’intéresse dans sa pratique artistique aux particules élémentaires qui nous animent, régissent le monde, le ciel et ses phénomènes atmosphériques, la nature. Sa pratique explore les interactions, les espaces de connexion entre ces mondes de particules qui interagissent les uns sur les autres sans que nous ne le relevions.
/// Stéphane Gautier
Ainsi dans des travaux intitulés « Instropection », « Chemin de vie, » ou « Caresser l’or » des reliefs de corps, mains, visages, des prises d’empreintes corporelles « des assemblages sculptés » émergent de la nature, du magma premier pour nous rappeler que nous sommes issus d’un monde de particules élémentaires, de la matière première. « Je crois au pouvoir de la Matière comme substance pensante et autonome ayant ses propres règles, sa propre vie, mon travail est de révéler cette Matière ».
Pour renforcer cette idée de révélation, Emma Lapassouze utilise une toile de lin au grain assez grossier, et a recours au marc de café qu’elle utilise comme fond. Le résultat est fortement texturisé, en sortent de grandes compositions proches de l’expressionisme abstrait, peintes à l’acrylique telles « Grand bleu après l’orage » ou Tryptique rouge et blanc », dans lesquelles Emma nous rend compte de tout un monde de vibrations.
Elle révèle le vivant, pour interroger notre rapport au monde. Elle combat l’idée d’une inertie des éléments pour nous rappeler que le monde est régi par des énergies que nous semblons ne plus vouloir voir. « A l’heure où l’extinction même de l’espèce humaine est en question, je parle de notre lien au Vivant, de la place de l’humain comme matière pensante, des éléments naturels et du rapport que nous entretenons avec eux ».
La peinture d’Emma Lapassouze se veut aussi immédiate que l’art pariétal quelle découvre enfant dans les grottes de Lascaux, dans une peinture dont le support même est la roche première. Aussi comprenons nous mieux ses influences picturales : Tapiès, Zao Wou-Ki, Barcello.
Le travail peint et sculpté d’Emma est un travail de révélation des particules de l’univers, des particules qui nous constituent, d’un grand Tout, dont nous avons oubliés que nous sommes des éléments, « des identités en perpétuel mouvement, des incarnations sensibles et incroyables de la matière » .
Emma Lapassouze a de nombreuse fois exposée en France, en Belgique, en Israël. Achetée par des collections publiques et privées La Résidence Galerie (Biarritz) nous invite à découvrir son travail à Dax, durant l’été 2022.
Visuel principal : Emma Lapassouze