Hervé Di Rosa, un artiste au service des Arts Modestes

 

Né à Sète, Hervé Di Rosa est un peintre français, cofondateur du mouvement artistique de la « Figuration Libre » – expression créée par le critique d’art Bernard Lamarche-Vadel en 1981 – aux côtés de François Boisrond, Rémi Blanchard et Robert Combas. Créateur des principales manifestations artistiques réunissant les artistes de la figuration libre, il a notamment consacré sa vie à la réhabilitation des arts dits modestes. Pour la réouverture du Musée International des Arts Modestes (MIAM) le 4 juin dernier, Hervé Di Rosa revient sur les enjeux rencontrés cette année, les objectifs du musée et surtout son éternel désir de diffuser les Arts Modestes au public. Rencontre avec un artiste au service de cette forme d’art. 

/// Eléonore Blanc

C’est en 2000 qu’Hervé Di Rosa fonde avec l’artiste et collectionneur Bernard Belluc, le Musée international des arts modestes (MIAM) à Sète. L’art modeste est un courant d’objets, d’images, de formes et de pensées initié par Hervé Di Rosa à la fin des années 1980. Le terme d’art modeste, qui peut surprendre par la terminologie péjorative a été crée pour désigner ce qui est marginalisé et occulté de la création. Cet art est vaste selon Hervé Di Rosa. Il s’étend de l’art contemporain jusqu’aux figurines publicitaires, en passant par l’art but, l’artisanat, la musique rock et punk et les pratiques issues de l’underground. Hervé Di Rosa est considéré aujourd’hui comme le père des « arts modestes » par la consécration d’une grande partie de sa vie à la réhabilitation de cette forme d’art.

 

 

À l’occasion des vingt ans du MIAM, deux expositions sont à découvrir : Forever MIAM qui retrace l’histoire du musée depuis sa création en 2000 et Psychédélices qui présente des œuvres d’artistes français influencés par le mouvement psychédélique. Le terme psychédélique apparait en 1957 grâce aux recherches de l’écrivain Aldous Huxley et le psychiatre Humphrey Osmond qui définissent ce terme comme tout état relatif à la prise de psychotropes aux effets hallucinogènes. Dès les années 70, de nombreuses recherches picturales sont menées par les artistes en utilisant les substances psychédéliques comme des outils de création. L’exposition Psychédelices permet de découvrir ces œuvres étonnantes et de se pencher sur des questionnements nouveaux autour de l’utilisation de ces substances dans nos sociétés.

 

 

Hervé Di Rosa continue de faire évoluer l’ancrage des Arts Modestes sur la scène artistique française, en écho avec la création contemporaine. Cet intérêt pour les Arts Modestes est ancré dans son parcours personnel « depuis toujours parce que c’est l’une des sources de mon travail artistique ». Il évoque les petits fascicules de Pepito ou encore le journal Spirou qu’il lisait quand il était jeune.

 

« C’était déjà ce qui me passionnait enfant, ce que je dessinais »

 

La volonté de créer ce musée en 2000 avait pour dessein de construire un pont, que beaucoup pensait impossible, entre les Arts Modestes et l’art contemporain mais aussi de rendre hommage à ses artisans.

 

« Au départ, je voulais rendre hommage à tous ces artisans anonymes, qui ont pourtant façonné notre regard dès l’enfance. C’est le travail du MIAM. Le jour où on n’aura plus à convaincre de l’importance des arts modestes n’est pas encore arrivé, donc il reste encore de belles années dans cette réhabilitation ».

 

Pour Hervé Di Rosa, les cultures populaires sont des formes d’art, qu’il est nécessaire de montrer au public. Il observe un véritable impact sur le public, un rapprochement.

Le MIAM comprend des œuvres d’arts modestes de l’après-guerre des années 50 à aujourd’hui. Nous déambulons parmi des figurines, images, objets de l’enfance, bande-dessinées… Mais ce ne sont pas de simples objets. Hervé Di Rosa s’attache à observer l’aspect esthétique et plastique de ceux-ci. Ils nourrissent l’art contemporain, mais pas que, ils nous nourrissent aussi, selon lui.

Cet attachement aux objets dans une société du virtuel, où les jeux vidéo remplacent les jouets de bois suscite un véritable éveil et un retour à l’essentiel.

 

 

À l’occasion du vingtième anniversaire du musée, le Grand Livre du MIAM a été publié. C’est un ouvrage qui revient sur l’histoire du musée à travers les expositions et les collections, tout en questionnant les perspectives des Arts Modestes. Cette publication a été facilité par le confinement, les équipes ont pu se concentrer sur sa conception et ce livre est « en quelque sorte l’enfant de ce confinement » pour Hervé Di Rosa.