« Ici, barbare on fut, barbare on doit rester. »* : Dubuffet au Mucem

« Ici, barbare on fut, barbare on doit rester. »* : Dubuffet au Mucem

En 2019, le Mucem accueillait en son sein les œuvres de l’artiste majeur, polémique et novateur Jean Dubuffet dans son exposition « Jean Dubuffet, un barbare en Europe ».

/// Mathilde Mascolo

 

Ce titre, détourné de l’ouvrage d’Henri Michaux « Un barbare en Asie », dresse un portrait métaphorique du peintre en barbare, suivant un principe d’exagération assumé. Ainsi, connu pour sa critique à l’excès de la culture eurocentrée, il est d’autant plus célèbre pour son rejet du concept muséal. Selon le père de l’Art brut, les musées sont des « organismes de propagande » qui détruisent la création artistique. Dans ce cas, exposer Dubuffet au Mucem ne serait-il pas un paradoxe ?

Certes, Dubuffet refusait ce piédestal réservé aux « artistes héros », exposés en grande pompe dans ces « citadelles de la culture mandarine ». Mais si l’on traite de son œuvre en tant que travail anthropographique, alors quelle institution mieux que le Mucem pour l’accueillir ? Le catalogue expose ainsi Dubuffet sous trois titres distincts : l’artiste en tant « qu’homme du commun », l’écrivain anthropographe, et le critique de la Culture.

* Henri Michaux, « Préface nouvelle », Un barbare en Asie [1933], Paris, Gallimard, 1967.

Jean Dubuffet, un barbare en Europe. Baptiste Brun et Isabelle Marquette. Hazan et Mucem – 35 €