Les Coulisses de la Création de Tal Waldman

Les Coulisses de la Création de Tal Waldman

Quelle est la relation entre la pleine conscience et l’art ? Probablement la méditation comme source de création, diriez-vous. C’est pourtant d’une plus grande complexité. Fascinante, cette interrogation est nécessaire pour renouveler notre regard d’amateurs d’art. L’artiste Tal Waldman évoque cette relation avec profondeur. Pleine conscience, méditation, spiritualité, harmonie, et symboles…Ce sont des mots-piliers du travail artistique de Tal Waldman. Ils interrogent, sensibilisent et éveillent nos sens à la découverte d’une nouvelle vision du monde et de notre âme. Explications.

                                                                                                                                                                                                                                               /// Eléonore Blanc

1. Comment est née votre vocation d’artiste ? À quel moment avez-vous voulu être artiste ?

 

Dans ma famille, il y a beaucoup de personnes qui peignent et sculptent, mais il ne s’agit pas de leur activité principale. Mais moi quand j’étais plus jeune, je pensais devenir astronaute ! Et puis j’ai voyagé dans de nombreux pays dans lesquels j’ai rencontré diverses cultures, langues et philosophies de vie. C’est alors plus tard que j’ai réalisé que je voulais être artiste. J’ai compris cela ça après un long processus.

 

2. Le terme « vocation » vous a interpellé. Comment le considérez-vous ?

 

Le mot vocation est problématique car il indique une clarté de pensée spontanée. On peut avoir cette force créatrice en nous, et que l’on développera de différentes façons, de différentes formes. La « vocation » implique une seule forme, une seule révélation de sa force créatrice. Ce mot nous limite, et je n’aime pas me limiter.

 

3. Comment définissez-vous la pleine conscience ? La visée thérapeutique de la pleine conscience que l’on observe dans les revues scientifiques est-elle au cœur de votre travail artistique ?

 

La pleine conscience se définit comme une pensée consciente, en temps présent, que l’on peut toucher à travers diverses pratiques. Cette année, j’ai décidé d’associer cette pratique de vie au travail artistique. Ces deux axes de ma vie, méditative et d’artiste, se rejoignent maintenant. À un certain moment, j’ai senti le besoin de les allier, et de créer une voie notamment par le projet « Visualizing the Invisible » en collaboration avec l’artiste Fiona Morehouse.

 

4. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ce projet ?

 

Ce projet a commencé depuis un an, un mois avant le premier confinement. Il prend la forme d’une recherche assez expérimentale avec des dessins, des peintures, et des écrits à travers desquels nous témoignons nos ressentis et nos observations intimes. L’objectif est de visualiser l’invisible, retranscrire nos états d’âme…Cela consiste à pratiquer la méditation consciente avant chaque travail, ce qui nous permet d’incarner nos pratiques intérieures dans notre art visuel.

 

5. Quel a été votre cheminement artistique pour relier ces deux axes, la pratique de la pleine conscience et votre profession d’artiste ?

 

Il y a toute une série de projets qui ont débuté en ce sens. Le projet « Mémoires Brodées » présenté à La Piscine à Roubaix était une perspective sur la connaissance de soi-même et sur l’identité, avec des objets qui devaient toucher les questions de l’immigration. Et puis, un autre projet de collaboration avec une artisan vitrailliste « Projet 3D vitrail – Mère Femme » où nous avons traduit une série de mes dessins sur la maternité en sculptures de verre. Cette même recherche a continué avec le projet de petites pièces en porcelaines « Cicatrices dorées», dans lesquelles j’ai intégré des pièces cassées en appliquant la méthode japonaise dite Kintsugi de réparation des porcelaines (au moyen de laque saupoudrée d’or). Mais je ne suis pas une céramiste. Je l’ai donc traitée comme une plasticienne, c’est à dire que j’ai cherché métaphoriquement à relier les pièces de mon passé, de ma mémoire avec le temps présent, en cultivant les failles de la céramique, en les sublimant. Il y a toujours une connotation à un schéma intérieur.  

 

6. Comment les supports participent-ils à la libération de vos pensées, nécessaire dans votre art ?

 

Mon processus de travail prend d’abord en compte l’écriture, qui me permet de clarifier mes pensées. Mais ce n’est pas linéaire. Puis, il faut que je me libère de mes pensées : je ne dois pas m’attacher à des images mentales ou préconçues, afin d’obtenir un certain flou dans mon art. Il faut que j’abandonne mes pensées pour créer un « aller-retour » avec le support. Je cherche une situation de page vide devant le support, pour me retrouver dans un état d’innocence. C’est très difficile de cultiver l’attitude de ce lâcher prise. La relation avec la matière devient donc très excitante et très nouvelle à chaque fois.

 

7. Quelle relation entretenez-vous avec certains supports que vous utilisez, comme l’encre ou la céramique ?

 

Les différents médias que j’utilise me permettent justement de m’aider à me retrouver dans un état de lâcher prise. Par exemple, quand je travaille la porcelaine, matière difficile à maitriser mais qui me permet de modifier, je vais créer un rapport bien différent que lorsque je travaille avec l’encre. Son utilisation demande une gestuelle particulièrement précise, que je ne peux pas modifier. Mon corps doit réagir différemment devant chaque support et je dois avoir une vision large et claire de ma direction, puis je laisse faire.

Les différents supports me mettent dans un défi de recherche technique. Je me refuse à être à l’aise. Je ne dis pas qu’il faut nécessairement changer la technique mais je préfère changer pour être dans un état de recherche perpétuelle.

 

8. Pouvez-vous nous parler de votre projet Hasard Dirigé sous le prisme de votre processus créatif ?

 

C’est un projet issu d’une recherche de deux ans qui se concentre sur les notions d’ordre et de chaos. J’ai cherché par la gestuelle à utiliser, le geste non contrôlé pour le mettre en tension avec le dessin maitrisé et contrôlé. Au début de ma pratique de la peine conscience, j’étais dans le contrôle et la maîtrise de ma gestuelle. Et progressivement, j’ai appris à libérer la gestuelle. Dans Hasard Dirigé, j’ai pu découvrir une technique pour contrôler le séchage afin d’obtenir l’aspect cellulaire du dessin, l’aspect veiné. Je suis tombée amoureuse, si on peut dire, de cette découverte. Or, pour mes autres projets, j’ai décidé de l’intégrer différemment car le danger est que si on prend une certaine aisance avec une technique, cela devient difficile de ne pas vouloir et pouvoir y renoncer. Je travaille donc sur plusieurs projets en même temps, toujours en série également, pour me libérer de ce besoin de me satisfaire avec une technique.

 

9. Quels sont vos projets futurs ?

 

J’ai deux projets sur lesquels je travaille actuellement : la série « Wolf-Femme » dont les dessins sont parfois à l’état de recherche, d’autres se focalisent plus sur la lumière, ou encore sur la composition du récit… Ensuite, il y a le projet collaboratif « Visualizing the Invisible » dont je vous ai parlé. Fiona Morehouse et moi travaillons à distance et mettons en relation nos découvertes sur l’interconnectivité de l’être humain avec la nature ou l’importance des symboles sacrés. Nous nous intéressons au sens des silences, ce que représente le vide… Par exemple, je réalise la cartographie de mes respirations quand je travaille. C’est un projet encore très évolutif.

 

« Souvent, je suis entre l’abstraction et la figuration, ou alors par la figuration je cherche l’abstraction » résume Tal Waldman. Son travail est à découvrir à la Résidence Galerie à Biarritz dès aujourd’hui. L’invitation est lancée.

 

Résidence Galerie

  • Adresse : Square Gambetta
  • Code postal : 64200
  • Ville : Biarritz
  • Pays : France
  • Tel : +33 (0)5 59 47 13 58
  • Site Internet : https://www.residence.gallery/
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