Peintres femmes, 1780-1810. Naissance d’un combat

Peintres femmes, 1780-1810. Naissance d’un combat

Réalisé en corrélation avec l’exposition « Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d’un combat » à Paris, au musée du Luxembourg, du 3 mars au 4 juillet 2021, ce journal propose une relecture de l’histoire de l’art pour connaître la réalité de la perception par le public et des conditions de la pratique artistique des peintres femmes à cette époque.

/// Stéphane Gautier

Le demi-siècle qui court des années pré-révolutionnaires à la Restauration voit s’articuler la féminisation de l’espace des beaux-arts avec la transformation de l’organisation de l’espace de production artistique (administration, formation, exposition, critique) et une mutation du goût comme des pratiques sociales relatives à l’art.

Si la perception de la période est phagocytée par les figures de David et celles des « Trois G » (Gérard, Gros, Girodet), les femmes peintres n’en sont pas absentes : après le « coup de théâtre » de la réception à l’Académie royale de peinture d’Élisabeth Vigée-Lebrun et Adélaïde Labille-Guiard en 1783, les noms le plus souvent cités sont ceux de Marie Guillemine Benoît (et son célèbre portrait d’une négresse), Angélique Mongez pour ces grandes machines historiques davidiennes, Marguerite Gérard qui a survécu stylistiquement au goût Rococo et à la renommée de Fragonard, dont belle fut l’élève puis la collaboratrice, ou bien encore Constance Mayer, dont le suicide semble l’avoir sauvée de l’oubli d’avantage que son œuvre souvent réattribuée à Prud’hon, son compagnon de vie et d’atelier. Plutôt que d’étudier, à la suite des feminist et gender studies, les raisons historiques de l’absence de « grandes » femmes artistes (interdiction de pratiquer le nu, et donc la peinture d’histoire, niveau moindre de formation, numerus clausus à l’Académie royale…), ce carnet d’exposition relit les sources de la période, comme les livrets de salon, avec les commentaires des œuvres, les noms des exposant.e.s, les articles de la presse en pleine expansion à cette époque, enfin les œuvres elles mêmes, afin de redonner toute leur place aux témoins et aux acteurs de l’époque.

Peintres femmes, 1780-1830 naissance d’un combat (journal). Martine Lacas. Catalogue d’exposition au Musée du Luxembourg du 3 mars au 4 juillet 2021. Coédition Gallimard / RMN-Grand Palais – 9,50 €