Paul-Clément Dambier, artiste des sens et des couleurs

Paul-Clément Dambier, artiste des sens et des couleurs

Autour d’un thé ceylan dans le jardin bucolique du Petit Palais, nous avons eu l’occasion de rencontrer un artiste étonnant dans ses idées et sa pratique, Paul-Clément Dambier. Nous avons parlé d’histoire de l’art, de techniques, d’esthétiques, d’inspirations… et avant tout, de beauté. Rencontre avec Paul-Clément, artiste aux nombreuses activités.

 

/// Eléonore Blanc

 

Originaire de Paris, Paul-Clément Dambier entame à 18 ans, une première année d’école d’art, mais est rapidement déçu par son enseignement théorique qui manque pour lui de pratique. Il débute alors un apprentissage auprès d’un Conservateur de musée et créateur de Joaillerie qui décide de lui transmettre l’enseignement approfondi des techniques anciennes, ainsi que celles de la conservation et restauration des œuvres sur papier. Depuis, Paul-Clément Dambier a développé son esthétique artistique et ses œuvres sont exposées en permanence au Château de Duino, en Italie.

 

Installé à Saint-Tropez, Paul-Clément Dambier créait ses toiles imprégnées des couleurs et de l’âme de ce sud qu’il affectionne tant. À la recherche d’une maîtrise multiple des médiums, il est dans l’expérimentation perpétuelle des techniques.

 

« J’ai débuté par la peinture, puis je me suis lancé dans le modelage ». Évoquant certaines difficultés sur le ton de l’humour, il poursuit « J’ai eu une crise du sujet lorsque je devais sculpter. Le corps humain m’a toujours intéressée. Mais c’est très compliqué de trouver le modèle qui nous convient surtout dans le flot de saisonniers ».

 

Paul-Clément Dambier, Ami, sculpture en bronze ©Paul-Clément Dambier

 

Sa volonté, expérimenter toujours et encore. Pour lui, la profession d’artiste est une exploration des techniques afin de les assimiler, mais aussi d’en créer de nouvelles, propres à son art et propres au message qu’il souhaite transmettre. Selon lui, il y a le sujet, et plusieurs façons de dégager son sens. Parfois les mots, parfois les couleurs, le dessin, la peinture, ou la sculpture… C’est un véritable langage que Paul-Clément souhaite construire.

 

« Je pense que pour exprimer une chose, une idée, une image, il y a différentes manières de le dire, qui dégagent un nouveau sens, une nouvelle interprétation. Par exemple, je dessine d’abord mes idées de sculptures. Je commence à les dessiner, modifier le dessin puis je me lance dans le modelage. C’est intéressant car c’est presque une relecture de son art par une différente technique ! » 

 

Paul-Clément Dambier, Femme de dos, Tempera sur soie et Glycine, Huile sur toile ©Paul-Clément Dambier

 

La couleur. Il pourrait s’agir du mot totem de l’artiste. Son importance pour lui est telle que Paul-Clément élabore lui-même son médium pictural : broyage des pigments, cuisson des huiles, supports préparés…

 

« Je fais moi-même mes couleurs. J’accommode le pigment avec le liant. Les couleurs sont les mots, et le liant c’est la syntaxe ».

 

Paul-Clément est marqué par la « vraie couleur », celle qui n’est pas un ersatz. Il explique d’ailleurs retrouver ces « vraies couleurs » dans l’observation des pierres fines et précieuses. Cet intérêt pour les couleurs, la joaillerie et plus largement l’orfèvrerie est lié à sa fascination pour les ateliers d’orfèvres de la Renaissance française. Ces ateliers regroupaient des orfèvres talentueux qui étaient considérés comme les artistes les plus complets qu’on puisse désirer. Architecte pour réaliser le plan de l’ouvrage, sculpteur pour modeler les contours de la pièce, l’orfèvre est aussi un peintre pour associer ensemble, avec harmonie, les couleurs des métaux, émaux, gemmes et incrustations.

 

Paul-Clément Dambier, Vierge à l’enfant ©Paul-Clément Dambier

 

Pour lui, une œuvre communique un sentiment, un message, qui se lisent dans son entièreté et dépendent tout naturellement de l’ensemble de l’œuvre. Ainsi, Paul-Clément Dambier exécute le montage et l’encadrement de ses œuvres lui-même.

 

« Lorsque je termine une œuvre, c’est moi qui l’encadre, la tends, la monte. Vraiment, je trouve ça ahurissant de laisser son œuvre sans la terminer complétement. Le cadre, c’est une architecture spirituelle ».  

 

À la question, vous n’achetez jamais de cadres ? Paul-Clément répond en riant « Oh non quelle horreur ! ». Puis, il ajoute :

 

« Ce n’est pas la notion d’œuvre totale que je prône, mais plutôt l’accompagnement de l’œuvre dans un espace. Il faut développer l’espace, l’accompagner. C’est une architecture pour amener l’œuvre dans un lieu. Je dessine mes cadres, je les fais faire en Italie ».

 

Paul-Clément Dambier n’a pas de thèmes privilégiés. Ses inspirations naissent au gré de ses rencontres. Paul-Clément Dambier dépasse la volonté d’être défini dans la case unique de peintre. Il n’est pas seulement peintre, mais également sculpteur. Et bien d’autres choses. Il aime par exemple travailler la tempera sur papier car il affectionne cette « spontanéité de la touche ».

 

Paul-Clément Dambier, Citron et glycines, tempera sur papier, mars 2020 ©Paul-Clément Dambier

 

Il joue avec les matériaux, comme on peut jouer avec les mots. Pour son Christ aux outrages, il utilise le bronze qu’il patine de noir brûlé, à la couronne rehaussée de feuilles d’or. Le socle est en sodalite bleue sublimant le visage souffrant du Christ.

 

Paul-Clément réalise également des foulards en soie naturelle qu’il agrémente de glycines, de chats…Là, une lionne allongée, des lilas se détachent sur un fond ocre, un chat à la fauve fourrure sommeille… Les bordures des foulards sont ornementées de poèmes crées par l’artiste. Chaque carré évoque un moment qui l’a marqué. Paul-Clément Dambier explique l’essence de ces créations :

 

« Ces foulards sont des extensions de mon art mais je ne suis pas un créateur textile. Ce qui m’intéresse c’est de m’aventurer. Si on veut signifier quelque chose, il y a différentes manières de le faire. Par exemple, j’ai écrit ces lignes de poésie pendant le confinement, avec une véritable tranquillité ».

 

S’intéressant à de nombreuses techniques telles que la broderie dont il faut usage pour broder des perles sur ses foulards, Paul-Clément ne peut s’empêcher de nous confier l’un de ses futurs projets :

 

« Je veux me lancer dans la confection de tapis aussi ! je vais partir en Iran un jour, pour apprendre ».

 

L’artiste Paul-Clément Dambier est un conteur. Son art déroule des histoires, des instants et des sens multiples.  

 

« J’ai envie de tout peindre, avec des couleurs, vraies, éclatantes, rares. Les couleurs doivent raconter des histoires ».

 

Paul-Clément Dambier, Lionne, Tempera sur papier ©Paul-Clément Dambier