Le Rainbow et le bosquet : un appartement aux airs de campagne design qui redéfinit les codes de l’intérieur. « L’espace a cette capacité de répondre à des envies plutôt que des besoins. »
Un sol mousseux qui nous invite à ôter nos chaussures et des couleurs vives qui appellent l’œil, on pourrait se croire sur une aire de jeu mais on se trouve bel et bien à Paris, au neuvième étage d’un immeuble haussmannien du 15ème arrondissement.
/// Eliane De Sousa
Cet appartement aux airs de campagne design c’est celui de Michèle Monory, fondatrice du Buisson – une maison d’édition de bijoux d’artistes – qui a laissé carte-blanche à Matali Crasset pour concevoir ce tour de force, réalisé par Fabrice Claval de Claval Concept.
En partant d’une configuration tout ce qu’il y a de plus classique : une entrée, deux chambres et un salon-cuisine, elle est parvenue à proposer une toute nouvelle logique d’espace grâce à des choix clairs et tranchés.
« Je ne crois pas à la notion de décoration dans le sens où j’essaie de casser les codes en construisant une histoire personnelle singulière, » explique-t-elle en parlant de son travail, et, de fait, point ou peu de décoration dans ces quatre-vingts mètres carrés. La part belle est faite à la lumière et, surtout, à la couleur, grande favorite de Matali Crasset. C’est par elle que s’opère la division et l’organisation des espaces, elle qui guide l’œil du visiteur dans sa découverte de l’intérieur.
Sur la toile lumineuse des murs blanc clair se détache un mobilier bas de couleur verte qui court le long de l’appartement et agit, à l’image d’un boccage, comme une délimitation naturelle permettant de voir au loin et amplifiant le sentiment de se trouver dans un espace vaste.
Mais le lieu où l’ingéniosité de Matali Crasset se fait la plus évidente est le cœur de l’appartement. On y trouve un arc-en-ciel mobile, qui donne son nom à l’appartement – le rainbow – et dont la malléabilité permet d’organiser l’espace de différentes façons. Le long du mur, il accompagne les moments de rencontre et de discussion ; à moitié fermé, il se transforme en claustra pour créer plusieurs zones et enfin, complètement tourné, il devient un espace clos, propice au repos.
« L’espace a cette capacité de répondre à des envies plutôt que des besoins, » dit Matali Crasset, le rainbow en est la preuve. Les deux gestes qui l’animent : cet arc en ciel mobile et ce bocage, conditionnent tout l’aménagement de l’appartement et en font un espace singulier, qui sort des codes traditionnels de l’esthétique et de la décoration. Ce cadre coloré, modulable, dynamique par sa conception même, constitue un espace de vie énergisant, qui aide à rester actif et vif d’esprit, en nous sortant « des typologies bourgeoises qui pétrifient, pour sortir du statut du cocon qui surprotège et nous rend insensible. » – Matali Crasset, Le rainbow et le bosquet
Cette façon d’envisager l’espace, de travailler avec, Matali Crasset la décrit ainsi : « être contemporain, c’est réfléchir à la façon dont l’environnement change les comportements et les modes de vie. » En cela, le rainbow est très certainement tout ce qu’il y a de plus contemporain.