Si l’on sait de Van Gogh qu’il est l’auteur de lettres à son frère Théo et à Gauguin (903, au total !), moins connu en revanche est son goût pourtant prononcé pour la littérature – bien écrire n’étant pas gage d’une appétence pour la lecture.
Dans son ouvrage, Mariella Guzzoni explore les liens entre la peinture de Van Gogh ayant peint plusieurs portraits de liseuses et ses lectures favorites.
/// Emma Noyant
Quiconque a lu ces fameuses lettres sait quelle admiration le peintre entretint pour des auteurs chez lesquels il cherchait la confirmation de ses propres idées, le réconfort dans ses moments de mélancolie, voire l’encouragement à peindre. Et comment, lui dont on ne connait que trop le tempérament perturbé, eût-il pu lire autrement qu’avec passion ? « J’ai une passion plus ou moins irrésistible pour les livres et j’ai le besoin de m’instruire continuellement, d’étudier si vous voulez, tout juste comme j’ai besoin de manger mon pain », a-t-il écrit.
Mariella Guzzoni démontre que ces lectures, toujours étroitement liées à ses changements de vie, ont exercé une forte influence sur sa production picturale. Et de fait, comment ne pas penser aux Mangeurs de pommes de terre ou aux Planteurs de pommes de terre : l’homme courbé quand on sait que la simplicité, l’humilité et le labeur comptaient parmi ses thèmes de prédilection dans le choix de ses livres ? Et s’il en était de même pour l’injustice et la sympathie pour les plus pauvres, Van Gogh n’a-t-il pas peint Les pauvres et l’argent ? Les livres de Dickens, Michelet, Hugo ou Zola, que Vincent a tant aimés, lus et relus, qu’il s’est appropriés sans jamais les collectionner, sont abordés entre ses pages comme autant de sources d’inspiration du maître.
Les livres de Vincent, Les écrivains qui ont inspiré Van Gogh. Mariella Guzzoni. Actes Sud – 29 €