Designer reconnue depuis plus de 30 ans sur la scène internationale, Elizabeth Garouste dévoile ses œuvres récentes à la Granville Gallery du 30 janvier au 30 mars 2021. Elle y présente un ensemble de pièces uniques aux médium et matériaux divers : vases, miroirs, lampes en céramique, consoles, suspensions, banc tapissé d’or, comme de nombreux bas-reliefs minutieusement réalisés à l’encre et à la gouache sur résine. Un ensemble facétieux à découvrir.
/// Stéphane Gautier
Derrière la silhouette élégante et l’air lunaire d’Elizabeth Garouste, se cache mille et un mondes. Un tohu-bohu d’ombres et de chimères où la fantasmagorie prospère. « Designer émérite », « Architecte et décoratrice d’exception », « Grande dame »… la louange sied à l’ancienne complice de Mattia Bonetti comme un vêtement sur mesure.
Au début des années 1980, elle n’a que 30 ans, et endosse l’habit lourd à porter du « Renouveau des arts décoratifs ». À peine arrivée, elle imprime son empreinte dans le mobilier au point de faire aussitôt partie des meubles ; de ce paysage domestique où beaucoup s ‘enferme quand elle saura toujours prendre la clé des champs.
« Je me sens plus créatrice que designer. Le design est étroitement lié à des matériaux contemporains et à la fonction, alors que j’explore de manière plus artisanale, une veine narrative, en quête d’un langage poétique ».
– Elizabeth Garouste
Depuis plusieurs années, c’est dans le dessin qu’Elizabeth Garouste élargit ses horizons. Crayons en main, elle trace, croque et griffe. Filant sur le fil en funambule, elle débobine des figures éberluées, plante un théâtre de créatures outrées et ouvertement sexuées. Une jingle d’oiseaux, de tubéreuses et de rhizomes, de poissons et de fantômes.
D’abord tenus secrets, les dessins du soir d’Elizbeth Garouste ont fini par quitter les tiroirs pour gagner les cimaises. Puis ils se sont propagés sur le plâtre et la terre. Sur le métal aussi, qu’elle travaille en fin de semaine dans l’atelier de son mari, le peintre Gérard Garouste. « Au fil du temps, les deux univers sont devenus poreux, raconte Elizabeth, mes dessins se sont échappés de leur prison de papier pour recouvrir mes créations. ».
Plus obscur, cet univers se mêle aux fantaisies de toujours, au baroque, au barbare. Elizabeth Garouste glisse ici vers l’art brut sans pour autant renier ses amours anciennes, tout ce qui l’a forgée.