Sis à quelques pas du Palais de l’Élysée et de la place Beauvau, la Galerie Montanari créée en 1978 par Amedeo Montanari, présente des cadres français, italiens, espagnols ou flamands du XVème au XXème siècle.
Entourée d’une équipe hautement qualifiée (comprenant un meilleur ouvrier de France), Capucine Fleury-Montanari perpétue l’activité et nous présente un remarquable cadre glace datant du début du règne de Louis XIV.
/// Stéphane Gautier
Même si ce cadre date du début du règne de louis XIV (1643), il est encore empreint d’ornementation Louis XIII.
Ainsi, on peut y voir des demies-feuilles suivies d’une magnifique frise de feuilles d’acanthes ourlée et soulignée de quelques coups de brettés, typiques du style Louis XIII. Sur le profil renversé, des Berkleys, petits quarts de rond formant un motif de vague, viennent encadrer minutieusement chaque feuilles. Un travail d’ornementation typique de la première moitié du XVIIe siècle.
À la suite du profil, sur la partie plate, une guirlande de fleurs représentant des tournesols est figurée, le tout sculpté sur un plat de Berkley.
Au sommet de ce cadre glace un fronton avec une allégorie de Vénus.
En regardant plus précisément l’ensemble de ce fronton, on constate qu’il est fortement architecturé, et adopte une forme particulière : celle d’un temple classique antique.
En schématisant, le fronton représente le tympan, le contour du cadre est un entablement périphérique (crépis pour la partie basse), sans oublier la guirlande de fleurs descendante de part et d’autre sur laquelle le fronton vient s’asseoir sur ses extérieurs. Ce soutien végétal vient remplacer les colonnes et, par la même occasion, souligne avec force et légèreté la représentation symbolique du fronton.
Sur celui-ci figure la représentation d’une Vénus assise tenant sous son bras droit un aigle, qui fait d’elle une digne représentante de l’excellence à la romaine.
Ne l’oublions pas, cette déesse protège le foyer et la maternité mais dans notre cas elle protège les plus faibles, la veuve et l’orphelin.
Le tout est placé harmonieusement dans un décor floral symétrique de culot d’acanthes. Au dessus de la tête de la Vénus une large feuille d’acanthe vient protéger la divinité, et remplie deux fonctions :
La première est symbolique, elle protège et apaise.
La seconde est mécanique pour éviter la dégradation de celle-ci par la poussière et les nettoyages successifs.
Les feuilles d’acanthes ourlées sur le profil renversé servent à maintenir la glace d’une façon mécanique, mais surtout dans une lecture symbolique inspirent la force et la puissance.
Sur le plat extérieur, partie sculptée dont les saillies sont très faibles, la guirlande de fleurs représente une couronne et vient ainsi alléger la partie centrale. Elle symbolise également le couronnement – pas guerrier, puisque celle-ci n’est pas une couronne de laurier.
On y voit également entre-mêlées des fleurs de tournesols (ornementation typique du début du style Louis XIV).
La sculpture est magnifiquement exécutée en haut relief ajourés. On quitte un style puissant pour l’alléger, véritable transition de style et d’esprit.
Une magnifique dorure vient compléter l’ensemble. Les fonds mats viennent rehausser avec subtilité les ors et les brunis, véritable jeu de reflet scintillant, qui en font un « bijou » d’ombre et de lumière à grande échelle.
Autre curiosité, l’ensemble est démontable, et peut se transporter assez aisément, puisque l’on peut retirer le fronton et les guirlandes.
Dernière prouesse, l’élaboration du miroir. En effet nous sommes dans la deuxième moitié du XVIIe siècle et faisons face à une glace au mercure d’un format assez imposant. Sur sa périphérie, un biseau est façonné, travail périlleux à cette époque.
On ignore pour qui ce cadre glace aux ornementations et symboles issus de la culture latine a été conçu. Il n’est pas à douter que le reflet du commanditaire en fut magnifié, et que pour l’érudit qui se mira dedans cette double lecture ornementale et symbolique renforça son prestige.
La Galerie Montanari accompagne de nombreux musées et institutions à travers le monde par des acquisitions ou des prêts pour des exposition prestigieuses.